dimanche 29 mars 2009

Suite de l'extrait d'Elle c dit (2)

extrait d'Elle c dit (1)
Trois semaines... IL revient le 27. En soir . C'est là que le trait rouge s'arrête. Elle change son matin contre un soir. Le voir. Sa voix off arrive à toute allure. Les alarmes sonnent, s'affolent. Les alarmes qui mesurent, jugent, corrigent, selon... Là, elle les envoie valdinguer. Par quel chemin tortueux le défi s'impose?
Elle prend un temps infini ce vendredi matin pour se préparer. Elle complote. Elle anticipe. Elle fonce tout droit vers le gouffre. Transgression mentale de ses valeurs. Tête baissée, elle fonce. Elle le veut, lui, peu importe si la vie s'arrête après.
Il est là. Il lui tourne le dos, ne l'a pas vue. Il a encore les cheveux mouillés, retenus bien serrés dans leur lien, pas de mèches rebelles, pas encore. Elle pénètre dans la salle de soins. Il a un mouvement imperceptible dans les épaules, il l'a sentie. L'air prend une consistance étrange. Elle embrasse ses collègues, elle s'approche. Elle n'a jamais osé l'embrasser. Personne ne l'embrasse jamais. La limite est infranchissable. Il est beau. Elle lui claque trois bises, le surprend, il recule. C'est trop court, c'est raté. Elle a volé cet instant et c'est raté. La tension monte, elle se trouble. Les choses lui tombent des mains, elle se cogne et perd toute assurance. Il l'évite ? Elle ne sait plus quoi faire. Le sable racle. A nouveau, cette impression déchirante dans le ventre, dans la gorge.
Elle fuit dans le travail, silencieuse. L'air est irrespirable. Il est là, à quelques mètres d'elle, distant, avachi devant les écrans des scopes, là où les tracés des coeurs se dessinent. Les coeurs pulsent et cognent. Son coeur pulse et cogne. Il ne se lève pas pour l'aider. Elle déperfuse. Il l'ignore?
Le fossé se creuse avec le flot de désillusions et les heures passent. Elle passe derrière lui, sent son odeur. Deux ou trois mèches se sont échappées du lien, retombent sur ses yeux. Les larges épaules l'émeuvent, le dos est puissant. Son odeur l'attrape. Elle s'attarde un instant, plus qu'il ne faudrait. Il l'observe dans le miroitement des scopes. Lorsqu'elle en prend conscience, elle reste choquée. Ce regard qu'il lui lance! Marron chaud, marron brûlant, marron humide, marron brutal. Des expressions inédites défilent. Elle a du mal à respirer. L'air raréfié lui déchire la poitrine. Les alarmes sonnent. Elle soutient son regard sur l'écran. Et là, elle se crame, prend flamme. Un gémissement se forme dans sa gorge, le retient avec difficulté. Il se reconnaissent?
Elle comptait mener le jeu, le provoquer, le déstabiliser. Elle avait secrètement composer dans sa salle de bain ce matin même. Là, elle ne contrôle rien du tout. Alors qu'elle croit qu'il va formuler quelque chose, il se tait. Il lui faut des mots à elle, des mots pour entériner l'instant. Mais rien.
Son désarroi est certainement visible. C'est bientôt l'heure de partir. Sur le parking peut être ? Sur le parking, il est parti, à peine un signe de tête, elle est restée... La maison, la femme, le ventre, le chien ? A peine un hochement de tête, en claquant la portière. Elle reste longtemps là assise au volant de sa voiture. Elle regarde les vitres sans rideau des immeubles d'en face, la grue derrière. Confusion humide dans ses prunelles vertes. Frustration, humiliation même. Humiliée par son absence à lui et sa présence à elle, là sur le parking. Sans compter la masse des désillusions ridicules. Elle se remémore le tableau fignolé tout le matin dans sa salle de bain.
Elle avait vidé le cumulus. Chaque parcelle de sa peau s'était prêtée à la lame du rasoir, à la caresse de la crème parfumée à l'eau de kenzo. Un appel silencieux aux baisers. Elle s'était regardée dans le miroir, avait approché son visage très près, lèvres entrouvertes, la trace du rouge à lèvre, auréolée d'une fine buée était restée marquée. Pfff... La nuit tombe maintenant. Elle doute. Ce regard ? Elle rentre.
A suivre...

16 commentaires:

  1. L'amour nous détruira mais sans lui que la vie est triste. Bises

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  2. Cet extrait, tiré de mon cahier-roman, écrit à la main bien évidemment (je n'avais pas d'ordi.. récalcitrante à la technologie)ne débute pas comme ceci. L'histoire commence en 0070, juste après J.C, tout là bas à Pompéi.
    Alors qu'ils vivaient paisiblement, les uns aux champs, certains autres
    au village, la terre se mit à gronder. Le ciel, à se couvrir... Une fine poussière grise envahit l'atmosphère.
    Elle s'infiltra partout dans leurs yeux, leurs bouches et les cris s'élevèrent. La panique, la terreur.. Le jeune garçon se précipita dans les bras de sa mère. Elle le couvrit de son châle et chercha désespérément un endroit pour s'abriter. L'affolement prit possession de tout le village. Les hommes, les femmes, les enfants, les vieillards, les bêtes couraient partout. L'horreur qui les saisissait, les foudroyait du même coup!
    Elisa se terra avec son fils, serrés, le rassurant de sa voix roque, suffocant, s’étouffant et dans son cœur hurlant, rappela tous les siens... Les personnages de sa vie.
    Pas très loin de là, la même panique, le même appel arraché, son mari, sa mère, son frère, sa sœur, son premier chagrin d'amour… Et les autres.
    Tous à l'unisson, vécurent leur dernier instant, se rejoignant. Dans leurs cris ensevelis....
    Le 7 avril 1966, Elisa retrouva sa mère(pour la 2ème fois...) Elle l'aimait tant.. Le choc de la réincarnation. Le 9 juin 1970, elle retrouva sa sœur, elles retrouvèrent leur mère.. Elles s'aimaient tant.. le choc..
    Le 2 mars 2000, elle retrouva son mari. « EXTRAITS » que vous venez de lire, dans un service de soins intensifs cardio. Le choc…
    Le 11 mars 2006, via les ondes meeticiennes, après des résistances incompréhensibles, elle retrouva son fils. «  FUTURS EXTRAITS » peut être..

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  3. Tout au bord--> Oupss.. j'ai publié en même temps que toi ce long commentaire en guise de toile de fond..
    On ne se détruit jamais vraiment, on va jusqu'où on veut bien... le seuil de tolérance fait la suite...

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  4. R.D.--> c'est peu de le dire... c'est de la frénésie :) en mode "ON".. !

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  5. Et ne savez vous pas que des fois le calme est facteur de plaisir...

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  6. Je viens de prendre connaissance de vos commentaires, merci abondamment.
    A l'instant je relis votre jeune blog, merci tout autant,
    Balthazar

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  7. Un vrai palimpseste, son regard. Il existe un mot : patience. Il faut y aller par petites touches et surtout imaginer n'avoir aucun résultat tangible. C'est l'art de ferrer le poisson.

    Snake

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  8. que Dans ce décalage au monde, elle entre dans sa vie, et involontairement il s'insinue dans la sienne. ;o)


    V'ap

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  9. R.D--> oh.. mais je suis une calme... la frénésie du moment est dans ma tête.. inspirée...
    Le silence, c'est justement le thème de mon mémoire de fin d'études... :)

    Anonyme--> merci... je ne me sens pas très talentueuse en regard de tout ce que je peux lire sur ce site que je découvre.. mais je ne vais pas me déprécier pour autant, je prends plaisir à écrire mes petites histoires...

    Menfin--> Ravie que cela te plaise.. merci.

    Appel d'air--> merci.. Il faut que j'explore le votre encore, je l'ai juste effleuré, et j'aime bien dérouler en arrière sur les anciens billets..

    Mr Snake--> Je vous invite à venir lire la suite. Patience, je crois que le mot est faible... :)
    trop contente de vous voir par ici...!

    V'ap--> involontairement, ça c'est moins sûr... nous nous sommes suivis... :)t'embrasse.

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  10. Eh bien ! Pour quelqu'un qui arrive en nouvelle sur la toile... chapeau bas !

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  11. Bérénice--> Je suis nouvelle ici, mais j'existais ailleurs.. J'ai juste changé de planète.. (j'étais sur msn, et le nouveau concept façon face book, m'a saoulée, les billets étaient recalés au 18 ème plan...)
    Merci beaucoup en tout cas.

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  12. Peut-on vivre d'illusions et de rêves inaboutis?...
    Moi aussi j'aime te lire!

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  13. Mots d'Elle--> Les illusions et les rêves m'emmènent parfois très loin.. et rien que pour le voyage, très souvent ,je ne regrette rien.. Par exemple, je rêvais d'être infirmière, je me suis accrochée, n'ai pas lâché l'affaire, et là je suis sur la dernière ligne droite.. D.E en nov 09.
    quant aux illusions en Amour... J'assume, j'ai un très beau parachute que je rafistole avec le temps.. on dirait un patchwork.. :)
    merci, idem pour là bas..

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