lundi 26 octobre 2009

Il y a au moins 20 ans

Mes vingt trois ans n'ont pas grand intérêt. Rien de transcendant à l'horizon. Je quittais Brad Pitt, qui n'avait de Brad, que la tête. C'est déjà pas si mal. Sinon, il squattait mon appart depuis une année déjà. Il avait envahi mon chez moi avec sa belle gueule, sa guitare électrique, sa guitare sèche, sa guitare folk (signée "je ne sais plus qui"). Il y avait aussi sa basse, sa batterie, son harmonica et sa carcasse qu'il traînait de là à là dans MES trente mètres carrés. Lorsque je rentrais de l'hôpital, il y avait souvent un ou deux potes à lui vautrés ça et là dans une ambiance de Nirvana. Cooool ! Je n'avais plus qu'à me fondre ou pas. C'était pas.
Qu'est ce que je foutais là ? Ou plutôt, qu'est ce qu'ils foutaient là, à me vider le frigo sans scrupule, à se croire chez eux sans me demander mon avis, à me la jouer mandoline. Et oui, c'est à cause de la mandoline ! J'ai toujours eu un faible pour les âmes d'artistes (pauvres et sans collier de préférence).
Bref, j'ai quitté Brad, un beau matin bien gris et froid de janvier. Un peu surpris, il m'a demandé où il allait aller. Son air pitoyable avec tout son barda instrumental sur le palier, a bien failli me faire craquer. Chez ta mère ! Je t'amène puisqu'il pleut, que tu n'as pas de voiture, que tes potes n'ont pas de voiture, qu'avoir une voiture c'est accessoire... Et accessoirement aussi, un travail et un appart.
Je l'ai recroisé un mois plus tard. J'aurai pas dû. J'ai craqué. Oh, juste une nuit c'est tout. Un mois et demi après, je trouvais que mes règles étaient un peu longues à venir. Je n'avais pas compté. C'est sa mère qui m'a accompagnée à la clinique devant l'attitude désinvolte de son fils, qui l'apprenant, a fui on ne sait où. J'aimais beaucoup sa mère. Un genre Fanny Ardant, mariée à un riche industriel. No soucis pour Brad.
Je continuais donc ma vingt troisième année, cahin-caha, à la recherche du Grand Amour. Raoul ? Non, il a choisi Claire. J'ai fait un petit essai avec Jean Louis. Sos ! Il voulait m'enfermer dans ses cases. Heureusement, qu'une jeune et jolie femme est arrivée. Tan Dam ! Mais là, j'ai déjà vingt quatre ans !

samedi 17 octobre 2009

Quand le bonheur est dans le pré

Un lieu dit : Pisse-loup, dans le Lot du côté de St Céré. Oui il existe aussi un St Céré dans le Lot. Un gîte où je passe mes vacances d'été, inaccessible en voiture. C'est donc à pied que nous grimpons là haut, un endroit perdu où j'ai peur la nuit qu'il y ait des loups. J'ai quinze et demi. Oui, le demi compte.
Sous-bois, prés pentus, rivière qui torsade, cabanes en bois, gîtes en pierre, cascade angélique, vaches, chèvres... Il n'y a pas l'eau courante au gîte, alors une source est déviée. Un coin cuisine pour la vaisselle, un coin douche (glacée). Il n'y a pas de rideaux aux fenêtres.
Le gîte accueille les randonneurs perdus, les randonneurs à cheval, les randonneurs tout court. Là, une troupe de théâtre a fait escale. Le Monsieur des lieux est un ami de ma mère. Nous sommes invitées. Il a deux fils. Romain, quinze ans, Yes ! Un autre de onze ans, ça tombe bien, ma soeur a onze ans aussi. C'est comme ci, tous les éléments étaient réunis pour passer de belles vacances.
Le rythme est lent et idéal. Le temps clément. L'herbe est verte. Des plantations suspectes ci et là ne nous intriguent même pas. Elles sont jolies dans le décor. Je glisse une feuille dentelée dans mon journal intime.
L'intime ici est partagé. C'est peace and love à Pisse-loup.
Un matin, Romain et moi, nous nous baladons tout en bas du pré, le long de la rivière torsadée. Main dans la main, jeunes et beaux, insouciants et amoureux. Quelle ne fût pas notre stupeur (tout de même) de surprendre trois jeunes gens nus, une fille et deux garçons d'une vingtaine d'années, là debout sur un rocher plat, en train de se laver. Se laver, hum... Les deux garçons savonnent la jeune fille avec lenteur et sensualité. Ils s'embrassent...
Romain et moi restons cachés, accroupis derrière un bosquet. Nous sommes saisis, tourneboulés. Bien sûr, nous ne perdons pas une miette de ce spectacle fascinant. Les jeunes gens se sèchent au soleil et remontent vers leur cabane en bois tout là haut dans la montagne. Ni une ni deux, nous courrons chercher le tahiti douche et nous la jouons Adam et Eve sur le rocher.
Le désir est à son comble. Nus et excités nous cherchons un coin tranquille et bien caché. Une minute et demi plus tard, l'affaire est terminée. Le Romain ressemble à un lokoum béat, c'est sa première fois. Moi, un tantinet déçue (même pas mal), je mesure l'écart entre l'idée que je me faisais de "faire l'amour" et cet acte si facile, si court, sans une once de l'orgasme tant idéalisé. Ah ! C'est ça ? j'ai pris plus de plaisir à regarder la scène précédente qu'à entrer en scène...
Nous avons fait un peu mieux par la suite, mais encore une fois, c'était les lieux insolites où l'envie nous prenait qui étaient émoustillants dans l'histoire...
Je me rappelle une chose que je me suis dite à l'époque: "je suis terriblement déçue que les livres et les films mentent sur le sujet"....

Pause suspendue le temps d'un Tag .
Je lance le défi à Maia Luna , Anna , Cat', Jack Laule, L'homme au bois dormant Et tous ceux que ça chante.... Car "les premières fois"... Lalalalalala....
Et Mr Snake !!

mardi 13 octobre 2009

Sur la touche

[ un D.E. à passer ]

samedi 3 octobre 2009

Chroniques de couloirs

Le service des urgences est un endroit peu ordinaire, un lieu-dit dans l'hôpital, un lieu ouvert sur la cité. Une forme de carrefour hospitalier. Un lieu comme une scène. Une scène dont le rideau ne se referme jamais. Une scène, où les trois coups retentissent sans cesse. Il fourmille de figurants, acteurs malgré eux. Des acteurs qui ne répètent jamais, et qui pourtant répètent indéfiniment la tragédie, les mêmes scènes de la vie, l'enjeu des destinées. Tragédies quotidiennes, humaines. Mais où est donc passé le Docteur House ? Je ne l'ai point vu.

Il est 18.36. Un quart d'heure de pause. Je passe les portes vitrées et je respire un bol d'air. Je bois enfin mon café de 13.30. Il était froid, je l'ai fait réchauffer. Beurk, je n'aime pas le café réchauffé, mais celui là, il est délicieux. La clope qui va avec, me fait tourner la tête. (Mr Snake, évitez de me faire la morale, j'ai rendez vous en addicto, juste après l'obtention de mon DE.) Je suis claquée. 58 entrées en 5h. Je suis toute molle tout d'un coup. Je m'assois sur un rebord de misère un peu crado, avec un espèce de cendrier de misère lui aussi, tout aussi crado, où se mêlent gobelets en plastique, papiers de bonbons, paquets vides de chips et autres madeleines à deux euros les six. L'endroit est tout simplement merveilleux. Je pense 5 minutes à mon chéri, qui n'est plus mon chéri, mais toujours mon chéri. Rien, un instant de nostalgie. J'observe mon reflet dans la vitre d'en face. Mes cheveux sont un peu en bataille, ma tenue plus aussi impeccable. Des cernes de fatigue alourdissent mon visage mais je suis profondément fière d'être là. Je suis dans mon élément.

18.53, je me relève, jette mon gobelet, et repasse les portes vitrées dans l'autre sens. C'est reparti ! La tête dans le guidon. Cinq nouvelles personnes dans la salle de "tri". Tous, les perfuser, les bilanter, les constanter, poser les 1ers diagnostics, les évaluer, les rassurer, les surveiller, les diriger vers la radio, le scan, ou la "déchoc"... Mais ce n'est pas aussi simple. Un tel, vomit dans un sac, allo Dr pour rajouter un anti émétique, un tel n'est pas calmé par l'antalgique prescrit, allo Dr pour une titration morphinique. Un tel veut absolument qu'on aille rassurer son épouse qui attend en salle d'attente. Une autre s'agite, un autre désature, l'électro de Mr Coeur montre plusieurs extrasystoles qui pourraient bien partir en fibrillation ! Non, rien n'est simple ici ! A tout instant tout peut partir en sucette ! Mon seuil de vigilance est à son comble en permanence, l'adrénaline n'est pas seulement dans les p'tites ampoules, mais là circulant dans mes veines à toute allure.

Autant vous dire que quand je sors d'ici, la voiture rentre seule à la maison. Je suis vidée. Mais tellement satisfaite d'avoir participé à "sauver des vies"... Et ça, dans son job, c'est géant. C'est équilibrant. Je relativise plus spontanément sur mes petits maux quotidiens... Quand je suis là bas, j'oublie presque tout, ça me rattrape plus tard, puis ça s'étiole à nouveau, dès que j'enfile ma tenue...

Voilà, maintenant, après deux mois de stage ici, je sais que c'est là que je veux travailler. Là, au front, dans l'agitation, le risque, les débordements. Je suis bien campée dans mes "croc's rouges". Mes compétences professionnelles ont été reconnues, tant sur le plan humain que technique et théorique. En avant toute !

Lundi, j'attaque mon tout dernier stage (psychiatrie, secteur fermé). C'est là bas que je passe mon diplôme d'Etat. Trois ans et demi d'études sous pression continue ou presque. Trois ans et demi d'une vie agitée, bouleversée, mais bien remplie. Un grand merci à tous les gens qui m'entourent et m'accompagnent.

Quelqu'un veut il que je le perfuse ?

Et mon pull ? Toujours à l'envers... Mais doux et chaud.