dimanche 3 juillet 2011

Cela dit en passant

Hein ! ça ne sert à rien d'écrire des mots dans le vide n'est-ce-pas ? ça ne sert à rien de foutre tous nos brouillons d'éclats de vie dans des bouteilles à la mer, car la mer elle en dégueule par milliers de ces messages qui se perdent, de ces prières qui se noient !

samedi 23 octobre 2010

Puisqu'il en est ainsi (écrit par Arf)

Puisqu’il en est ainsi, dit-elle sur l’écran.

Cachée derrière ses lunettes noires, elle se grime, ajuste son maquillage, remet un peu de rouge feu sur ses lèvres, des lèvres que j’ai tant embrassées. Puisqu’il en est ainsi, la laisser s’enfuir, repartir à zéro, retrouver son reflet dans le miroir, séduire pour vaincre les contradictions, contradictions que j’ai tant aimées. Puisqu’il en est ainsi, se suffire du « en » qui englobe le tout, les années suspendues, ballottées par le souffle de la vie et balayées aujourd’hui par l’inertie, victimes de la nonchalance que je supposais assumée et partagée.

Puisqu’il en est ainsi, dit-elle sur l’écran.

Derrière le filtre, elle se rassure, tient la barre haut, refuse tous les dévers, pentes nécessaires qu’elle croyait piège. Puisqu’il en est ainsi, me protéger de l’image charme, retenir nos discours si précieux et dans d’autres eaux larguer les amarres, attaches qu’il serait vain de vouloir renouer. Puisqu’il en est ainsi, réapprendre à rêver, s’offrir au temps dans des parenthèses enjouées, lunaire comme j’aimais l’être avec elle. Puisqu’il en est ainsi, savoir que le sentiment était partagé, qu’il l’est toujours peut-être, ces peut-être que j’ai trop prolongés. Puisqu’il en est ainsi, respirer encore les fragrances de son absence, un instant, pour se dire que c’est arrivé, puis se résigner à continuer seul vers des états meilleurs, le meilleur de moi, d’un nous futur équilibré qu’un jour avec elle j’ai touché. Puisqu’il en est ainsi, l’envelopper déjà du souvenir, persistances à paraître dans le futile, fut-il, furent-ils.

Texte écrit par Ch. Sanchez


lundi 10 mai 2010

Au fond d'une tasse de thé au citron

Ni une ni deux, j'ai remis mon pull à l'envers. Avec mes airs d'hurluberlue, je me sers un thé au citron. Alors que je chipote entre une tartine au miel et une biscotte au beurre salé, il me vient une idée. Une pensée amusée, mutine à souhait.
Pas plus, je l'atténue naturellement. Je la sens pointer son nez, je la laisse me taquiner, puis je lui dis de s'en aller. Elle ne m'écoute pas vraiment, puis un peu bête, elle se met en veille. Je ne perds pas vraiment le sens des réalités, je me les approprie tout simplement. C'est en prenant les chemins de traverse, avec une certaine fraîcheur et une pointe de plaisir, que je m'accorde le droit de fantasmer, avec légèreté. Je puise l'émotion dans ce parfum citronné.
Je m'ensensuelle de broutilles, un rien m'émoustille. Je fais teinter la cuillère dans la tasse, alors que tout le monde sait que je ne le sucre jamais. En douce, petite pensée mutine revient. Je me contente de l'effleurer. L'impression de côtoyer son jardin secret de l'autre côté du mur, et de la regarder par dessus le mur. Je ne tenterai pas de l'escalader. Je n'irai pas non plus sonner à sa porte. D'abord je ne la vois pas, sans doute parce qu'il n'y en pas. J'ai soudainement l'impression d'un accord tacite entre cette petite pensée et moi. Mais rien que de l'écrire, j'en mesure la fragilité, l'évanescence...
Le thé au citron refroidit. Le téléphone sonne. Je réponds "Allo, ici Colombine..."

Petit exercice d'écriture proposé par le blog à mille mains.
Invitée par Arf, Fut-il ou versa-t-il dans la facilité.. ou bien aérien..

jeudi 29 avril 2010

Un vingt décembre

Par la fenêtre sur la rue, l'esprit pâle de l'aube entre. A sa vue, mon visage s'éclaire et les lampadaires ont l'air de mourir. Je monte le son de la musique. Est ce le froid qui la fait trembler ? La voix si pure s'enroue. Le son frise, crie et s'étire. Un archer qui grince, une corde qui casse.
Les dernières brumes blêmes s'échappent à la file, éteintes et désenlacées. Celles qui traînent, celles qui songent et celles qui regardent en arrière.
Le ciel coloré est plein d'écharpes en fuite, de chevelures et de bras nus. Je referme plus serrés les pans de mon peignoir. De la buée sur la vitre. J'appuie mon front, il se dessine. Le froid m'étreint. Je retarde le moment de partir. L'odeur du café me rappelle.

vendredi 26 février 2010

Déchirure

Je sors dans le jardin. Il fait beau et souffle le vent. J'ai besoin de m'aérer les pétales. Il est franchement difficile mon nouveau boulot. Je viens de m'en prendre plein la tête il y a deux jours. "Déchirure dans le silence de l'agneau". Je suis polluée. Souffle le vent s'il te plaît pour me débarrasser de cette violence dont je n'ai pas su me protéger. Et qui reste encore collée là tout autour de moi. Je crois que c'est l'incohérence hostile, où l'on n'a pas de réponse, où tout ce que l'on peut dire n'est pas entendu. ça ne connecte pas. Manque le code. Me manque aussi l'expérience, la carapace... Il a senti ma peur, il a senti la faille, il a voulu me déstabiliser. Réussi.
Je prends du recul. Le plus difficile c'est d'essuyer l'aura abîmé par les insultes.

Viens chez moi ce soir mon chéri, me raconter des choses de ta belle voix. Me caresser la joue, me prendre encore dans tes bras.

mercredi 3 février 2010

Entre deux blogs, mon coeur balance.

Depuis deux mois je suis attrapée par mes nouvelles fonctions en psychiatrie. Ce n'est pas peu dire. J'en rêve la nuit régulièrement. Je pars du travail en y pensant pendant des heures. Je me remets en question à tous moments. On ne ressort pas indemne d'une garde. Tout ceci est inhabituel pour moi. Alors mon inspiration du moment tourne autour de ce que je vis là bas.
Pour l'instant je n'arrive pas à écrire sur Elle c dit, comme si mes petites histoires habituelles un peu fleurs, un peu bleues étaient un peu dérisoires... Même pas vrai ! Je les aime mes p'tites histoires, elles nourrissent la Petite qui est en moi. Je continuerai... Mais quand l'inspiration reviendra...
Pour l'instant, je vous invite à lire "Le sac à main rouge" sur chroniques infirmières.
J'ai du retard chez vous, j'accours !

mercredi 20 janvier 2010

L'autre Colombine, l'infirmière.

Je vous invite à lire mon dernier billet " A l'Ouest, l'homme qui venait de l'Est" sur mon autre blog ici. Et éventuellement l'enregistrer dans votre blogliste pour être avertis de la parution de mes prochaines chroniques infirmières.
Une envie de distinguer mes petites histoires professionnelles dans un univers différent. Des histoires de vie touchant le monde délicat de la maladie mentale.
Bien, à vous.
A vous lire.
Colombine

samedi 16 janvier 2010

Les retrouvailles improbables [ Du rêve, au seuil de la conscience ] (5 et fin)

Maxime lui en fera voir de toutes les couleurs. Les rendez vous manqués, l'inquiétude majorée, les lapins qu'elle mijotera en civet, l'absence, l'attente inconcevable.

Une nuit, au bout du bout de cette histoire toujours inachevée, elle se réveille. L'atmosphère est étrange, elle est dans un lit qui n'est pas le sien, pourtant cette chambre est bien la sienne. Une sorte de brouillard envahit la pièce. Quelque chose de doux s'en dégage. Il est absent à ses côtés, pourtant elle sent sa présence-absence. Elle se laisse tanguer légèrement portée par le ressac.
Abandonnée entre veille et sommeil, elle glisse sur les pentes des pensées qui ne se maitrisent pas, qui n'en font qu'à leur tête.
Soudainement, elle sent un liquide chaud couler entre ses cuisses ! Elle se redresse, rejette les draps et horrifiée découvre un fœtus baignant dans une flaque de sang. En nage, elle se réveille brusquement, rejette les draps, regarde entre ses cuisses. Les draps sont d'un blanc immaculé. Ce n'était qu'un rêve dans un rêve.

Mathilda se lève, et se faufile directement sous la douche. Un besoin irrépressible de se laver. L'eau chaude la débarrasse des dernières scories de ce rêve éprouvant.
Étonnamment, elle se sent en paix. Elle n'a plus mal au ventre. Mathilda retrouve son état normal. Hier encore, elle était là errante dans les limbes de cet amour contrarié, elle en souffrait, et là, tout juste, le sourire de Maxime revient l'émouvoir. Elle se pince. Non, tout va bien. Elle respire.

Mais c'est quoi cette histoire bizarre ? Elle ne s'explique toujours pas la façon dont elle a été attrapée, aux limites de l' insoutenable. Ainsi que la disparition soudaine de tant d'émois. Ce rêve peut s'interpréter facilement. Elle avait l'impression au quotidien qu'il était logé là, au creux de son ventre. Il semble normal qu'elle l'expulse pour le déloger. Son inconscient a œuvré pour elle.
Mathilda reste pour autant interpellée. Elle tourne dans tous les sens un semblant d'explication. Dès leur première nuit, leur inconscient se sont mélangés, la névrose de l'un a trouvé réponse dans la névrose de l'autre ? Recevable, mais bon, pourquoi elle, pourquoi lui ? Elle songe à sa résistance du début, elle ne voulait pas le rencontrer. Friande d'interprétations psycho-machin-choses, Mathilda continue son investigation. Sa mère ne le désirait pas quand il a été conçu, à chercher à avorter ? Tout un tas de réponses s'accumulent mais tout ceci reste très nébuleux.

La matinée touche à sa fin, le téléphone sonne. C'est Maxime. Il semble bouleversé. Elle même est très gênée, elle tient à mettre un terme tout de suite à cette histoire qui n'a aucun sens pour elle. Elle se prépare intérieurement à rompre définitivement. Un point c'est tout, même pas l'ombre d'une virgule. Elle s'étonne de se sentir aussi sûre d'elle.
Il prend la parole, et dans un monologue, il lui raconte l'étrange rêve qu'il vient de faire. Il arrive à la galerie d'art, entre dans son bureau et découvre deux inconnus en train de copuler. Désagréablement surpris, il est pris de nausées, sa tête tourne. La pièce se remplit de signes noirs, des + et des - envahissent le bureau, de plus en plus nombreux. Il n'arrive plus à respirer, il sent qu'il va mourir. Dans son affolement il aperçoit un grand trou dans le sol. Il s'y jette comme absorbé. Il dégringole dans ce puits sans fond, ses mains ripent contre la paroi. Il veut se raccrocher. Il va mourir... Dans un dernier sursaut, ça y est il s'accroche... Et se réveille.
... Silence.
Dans l'esprit de Mathilda, tout va très vite. Elle a vite fait de trouver du lien entre leurs deux rêves surgis au même moment. Elle lui raconte le sien.

Ils restent tous les deux sans voix. Ému, il l'écoute attentivement. A bâtons rompus, ils évoquent toutes les hypothèses, réunissant tous les faits étranges particulièrement perçus et ressentis par Mathilda pendant les trois mois qui viennent de s'écouler.
Il accepte aussi de rompre. Accepte que cette histoire s'est construite sur des bases hors du commun et en distorsion avec la réalité.
Ils n'arrivent pas à raccrocher. Ils se connectent sur Msn. Dans leurs webcam respectives ils croisent leurs regards embués. Il lui sourit une dernière fois. Elle craque une dernière fois. A ce sourire, l'émotion est à son comble, les larmes roulent...

Dans un soucis d'apaisement, et pour rendre jolie la fin de cette histoire, elle tapote sur son clavier : "Et si tu avais été mon fils dans une vie antérieure ? Je n'y crois pas vraiment, mais, et si c'était vrai ? Ceci expliquerait cela..."
Il ne la lâche pas du regard tout en répondant : "Oui, on va le dire comme ça, ça me va. C'est suffisamment tordu pour stopper toutes ces questions sans réponse. Et paradoxalement j'y trouve une réponse rationnelle. Mais, on se serait connus où et quand ?
A elle de répondre :" A Pompéï, il y a mille neuf cents vingts six ans..."
Dans un sourire partagé, ils éteignent l'ordinateur.

Les ondes auraient-elles le pouvoir de permettre d'improbables retrouvailles ? ...

jeudi 7 janvier 2010

Les retrouvailles improbables [ l'incohérence ] (4)

Mathilda passe son temps à reformer le mur entre deux. Mur qui s'effondre quand elle le retrouve. Oui, elle se renverse, elle est déstabilisée, car il transgresse ses mécanismes de défense. En tant que femme face à l'homme, elle est pleine de contradictions. Contradictions qui l'inhibent, quelque chose qu'elle n'arrive pas à cerner, qui l'effraie. Elle a toute une collection d'armures qu'elle revêt malgré elle. Elle n'arrive pas à lâcher. Elle sabote. Elle s'empêche de vivre pleinement. Tout son corps parle pourtant. Des pulsions, des désirs, des fantasmes qu'elle touche du doigt, qui sont presque là, elle les regarde à la frontière, mais n'y va pas. Elle reste là. Elle tente de tout maîtriser de peur... De peur.. (?) Le sentiment qu'un morceau d'elle va être arraché.

Maxime est instable, insaisissable. Elle ne comprend pas pourquoi il est toujours là. Il revient, il s'en va. Il est comme un adolescent. Il ne dit jamais où il est, quand il vient, quand il reviendra. Elle tente de rompre, il refuse sans apporter d'argument, sans changer de comportement. Il revient à l'improviste, son sourire sous la fenêtre. Elle lui jette la clé.

La nuit au près d'elle, il s'accroche. Dès qu'elle s'écarte pour tenter de dormir, il se met à trembler, grincer des dents. Des sueurs profuses, des gémissements qui ne s'apaisent que lorsqu'elle le reprend dans ses bras. Elle a l'impression dans ces moments là d'être sa mère plus que son amante. Et pourtant, entre eux, l'entente sexuelle est harmonieuse, d'une exquise sensualité. Alors qu'elle est prête à en retordre, à discuter de leur relation, à la remettre en question, il lui pose un doigt sur la bouche, l'embrasse délicatement sur les yeux, les joues, descend dans le cou et s'en est fini d'elle et de ses résistances. Leurs corps se connaissent se reconnaissent, se mélangent. Ils ne savent plus qui est la main de l'un ou de l'autre, ils se traversent, se superposent.

Elle a mal au ventre quand il s'en va. Tout se passe là. Elle a l'impression qu'il est accroché là. Elle n'arrive pas à rationaliser, à intellectualiser cette relation, elle ne comprend pas. Son cycle est chamboulé, des hémorragies, des douleurs, des retards, elle somatise.
Tous les quatre jours, elle veut rompre. Il la regarde, presque penaud, lui prend les mains et lui dit qu'il ne comprend pas ce qui l'attache à elle. Il dit avoir conscience de ses dysfonctionnements mais qu'il ne peut pas envisager de la quitter. Elle le confronte sur ses sentiments, il n'a pas de réponse rationnelle. Il l'aime et ça le dépasse. Pour autant il ne peut se résoudre à s'engager un minimum avec elle, il transgresse le cadre, il fuit puis revient.
Ils constateront à leur grande stupeur, qu'ils lisent dans leurs pensées. Alors qu' ils n'arrivent pas à s'entendre, à parler d'eux, à envisager une relation stable, ils reconnaissent être connectés en permanence émotionnellement, et se surprennent à penser la même chose au même moment, même lorsqu'ils sont éloignés. C'en est presque épuisant.

Mille neuf cents vingts six ans plus tôt, juste avant de mourir, Lisa serre son fils tout contre elle pour apaiser ses tremblements. L'enfant gémit, fiévreux, effrayé, il claque des dents. Elle même est terrifiée. Dans un dernier râle, elle rassemble tout son amour pour protéger l'enfant. Elle le prend tout recroquevillé contre sa poitrine et son ventre. L'enveloppe dans ses bras, resserrant le châle autour d'eux. Et dans une prière d'amour, ils s'apaisent et se figent dans cette position en fermant définitivement les yeux.

Improbables retrouvailles...
à suivre...
(suite et fin)


vendredi 1 janvier 2010

Bonne année, bonne santé ! #VasesCommunicants

Les fêtes de fin d’année et leur cortège de bons sentiments. Il semblerait qu’à quelques jours de braquer large vers une nouvelle année, nous soyons tous enclins à se rassurer sur notre profonde humanité. Chacun s’accorde à faire trêve commune sur nos tracas quotidiens. Tous – nos familles, nos amis, nos meilleurs ennemis – s’adonnent gaiement à un lourd ronflement de bon aloi.

Hors de ce vaste tumulte qui encombre nos journées, nous abandonnons un temps nos ombres d’adultes pour revêtir nos apparats factices d’enfants émerveillés.

Noël d’abord où le plaisir d’offrir n’a d’égal que celui de recevoir. Des cadeaux par dizaines, des papiers qui se froissent dans le reflet des yeux de nos chères têtes blondes. Et nous, pauvres responsables de nos vies en berne, nous redescendons un instant à la hauteur de nos bambins pour admirer notre enfance évanouie.

Puis, en attendant Sylvestre le dernier saint, s’écoule une semaine sans vie. Juste un peu de douceur pour les plus chanceux au coin d’un feu crépitant, à manger les restes de dinde farcie. Sept jours d’absence économique, politique ou sociétale. Chacun se recroqueville dans sa famille. Se fait dorloter ou glande lamentablement devant les rediffusions télé. Seuls nos héros de toujours, De Funès, Fernandel et autres dessins animés Disney égayent ces premières soirées d’hiver.

Et advient Le Jour de l’An. Le premier jour. Celui de tous les possibles et de toutes les incantations du mieux-être et du mieux-vivre ensemble. Encore dans les émanations brunes de champagne piteusement ingurgité, nous nous enquérons de notre santé en la souhaitant à tous aussi bonne que possible. Voilà que la santé d’autrui prend une valeur inestimable. Ce jour là mais pas un autre. Le 1er mars ou le 15 juin, nous pouvons mourir tranquille mais le 1er janvier, notre santé doit être bonne et ce pour les 364 jours qui viennent. Insoutenable légèreté de l’être. Noël s’évanouit mais les boules multicolores encore clignotantes sur le sapin attisent notre crédulité et nous renvoient à nos régressions enfantines. Nous arrêtons de fumer. C’est trop cher puis franchement, cette toux dés le réveil, ce n’est plus possible. Nous promettons de moins manger et de perdre avant la mi-mars nos kilos superflus. Plus d’argent, une nouvelle vie, un nouveau travail plus tranquille, une vie sentimentale merveilleuse. L’amour sera encore plus extraordinaire que l’année précédente et naîtra enfin dans les cœurs de ceux qui en sont dépourvus.

Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu, ponctuait ironiquement la publicité dans les années 90. Peine perdue, simulacre de bienveillance, hypocrisie d’un jour, d’une quinzaine où tout le monde semble vivre dans le grand pays des bisounours. Bonne année, bonne santé !

Ce billet a été rédigé par αяf que je reçois aujourd’hui dans le cadre des vases communicants. Vous pouvez suivre ce chemin pour aller lire mon billet publié chez lui.

Voici la liste des autres participants à ces Vases Communicants de janvier :
Futiles et graves (Anthony Poiraudeau) et Paumée (Brigitte Célérier), Tiers Livre (François Bon) et Ce métier de dormir (Marc Pautrel), Petite Racine (Cécile Portier) et Abadôn(Michèle Dujardin), Tentatives (Christine Jeanney) et Enfantissages (Juliette Zara), C’était demain (Dominique Boudou) et Biffures chroniques (Anna de Sandre), Terres… (Daniel Bourrion) et Journal Contretemps (Arnaud Maïsetti), Le blog à Luc (Luc Lamy) et Frédérique Martin, Liminaire(Pierre Ménard) et Jours ouvrables (Jean Prod’hom), Pendant le weekend (Hélène Clémente) et Oreille culinaire (Isabelle Rozenbaum), Les beautés de Montréal (Pierre Chantelois) et L’Oeil ne se voit pas lui-même (Hervé Jeanney)

samedi 19 décembre 2009

Les retrouvailles improbables [ le toucher ] (3)

Elle sent son regard transparent avant même de lui ouvrir la porte. Quelques secondes avant, penchée à la fenêtre, elle lui jetait la clé de la porte d'en bas. Il levait la tête l'air espiègle, la main tendue. Et là sous le réverbère de la rue, Maxime et son sourire à faire pleurer d'émotion. C'est idiot, elle se damnerait pour que la scène du sourire se reproduise. Mentalement, alors qu'il est déjà entré dans le couloir, elle le revoit arriver l'air sérieux cherchant son numéro de porte. Et là, l'image s'accélère, il lève la tête et lui sourit. Un léger effleurement, elle referme la fenêtre et se précipite dans le dédale de couloirs pour lui ouvrir la porte d'en haut. Le sourire s'est évanoui, mais c'est pire. L'instant est presque grave. Elle se ressaisit, le laisse entrer.
Le thé est brûlant.
...
Mathilda est tendue. Elle sait, elle sent qu'à un moment ou à un autre il va s'arrêter de parler. Il laissera le silence envahir la pièce jusqu'à tendre les murs. Il lui prendra la main, ou bien se lèvera et s'approchera. Elle n'aimera pas ce moment là. Elle est déjà trop fragile, répandue sur l'assise de sa chaise. Elle s'imagine. Pourtant encore droite, le geste gracile, la voix un peu basse et sûre. Mais son expression ? Ses yeux doivent la trahir grave. En effet, il est déjà là, debout devant elle. Le regard est troublé, mais sa main est douce. Il lui relève le visage. Dans sa tête c'est l'affolement. Fuir, se mettre à pleurer tant l'émotion l'étrangle ou bien rapidement se recomposer et improviser, comme elle a appris à le faire, "la femme fatale". Elle n'a plus le temps de choisir. Elle va prendre les devants, il en va de sa survie sur l'instant.
L'instant.
Leurs bouches se trouvent, leurs corps se mêlent avec une étonnante maîtrise, une intimité, une complicité immédiate ...
Ils ne feront pas l'amour. Ce garçon là, lit dans ses pensées enfouies, archaïques. Il est tard, le énième thé est brûlant. Elle l'invite à dormir près d'elle. Elle n'a pas besoin de préciser. Il s'endort.
Elle retrouve enfin le cours de ses pensées. Une étrange lumière de nuit nimbe la chambre. Elle le regarde émue. Que lui arrive-t-il ? Elle est submergée.
Elle s'écarte un peu. Il gémit et commence à trembler légèrement. Qu'a-t-il ? Elle touche son front, il est trempé de sueur. Il gémit toujours. C'en est presque inquiétant. Elle lui caresse les cheveux. Il se redresse brusquement et lui dit la voix enrayée : "j'ai rêvé que je tenais mon enfant dans les bras et qu'il m'échappait, me glissait des mains, c'était affreux !"Il retombe sur l'oreiller et se rendort alors que Mathilda lançait déjà une ébauche d'interprétation. Elle reste étonnée et dubitative. Il se remet à trembler. Elle pose une main rassurante sur son épaule, il se tourne et s'enroule à elle, s'apaise et reprend une respiration lente et profonde.
Mathilda ne peut plus bouger, elle n'a pas eu le temps de prendre une position confortable. Son bras commence à "mourir". Elle tente de se dégager, il s'accroche un peu plus. Elle le garde là au creux, résignée. Elle ne s'endort pas. Entre deux eaux, elle ouvre. Il entre, il entre.
Elle s'endort quelques minutes au petit matin. Déjà le ciel est teinté de rose. Elle se réveille en sursaut, il lui a dit hier soir qu'il devait partir vers 7.30 pour la galerie d'art. Il est 7.15. Elle tente de le réveiller. Impossible. Il ouvre un œil et le referme.
Mathilda se lève et va préparer le café. Elle passe dans la salle de bain pour se laver les dents, se regarde. Elle a l'air des matins qui vont bien. Les cheveux ébouriffés à souhait, les cernes jolies. Ma foi, pas besoin d'en faire plus. A nouveau elle essaye de le réveiller. Il grogne. Elle lui rappelle qu'il devrait déjà être parti, mais qu'après tout, elle s'en fout. Il daigne ouvrir les yeux. Elle est assise au bord du lit en peignoir. Il lui offre un sourire tout endormi, et lui dit : "Que t'es jolie le matin"...
Tranquillement, il prend son temps. Il boit le café avec elle, léger et détendu. Mathilda a déjà le coeur serré à l'idée qu'il s'en aille. Elle n'a pas envie. Elle voudrait arrêter le temps. Elle anticipe déjà sur "une nuit sans lendemain". Elle lui relate son étrange comportement de la nuit. Il s'étonne, il ne se rappelle plus.
Il la serre dans ses bras, l'embrasse et s'en va . Elle se penche au balcon. Il lui sourit. Il est parti.
Mathilda essuie presque rageusement ses yeux embués. Merde, mais c'est quoi cette émotion ravageuse. C'est n'importe quoi ! L'impression, qu'en partant il lui a arraché un morceau.

à suivre...

jeudi 17 décembre 2009

Les retrouvailles improbables [ la rencontre ] (2)

Il est convenu que Mathilda et le jeune homme se retrouvent au théâtre en compagnie d'une amie à elle. Le cadre est suffisamment neutre et laissera le temps à Mathilda d'observer "le personnage".
Elle lui demande de lui envoyer une photo pour pouvoir le reconnaître. La photo envoyée ne lui évoque rien. Un jeune homme ni beau ni laid. La photo n'est pas de bonne qualité, un contre-jour assombrit le visage. Bref, qu'importe. Il s'appelle Maxime.
Caroline s'avance vers le guichet pour prendre les billets. Mathilda attend Maxime devant l'entrée. Il arrive. Elle ne voit que son sourire. Un sourire à tomber par terre. Une émotion venue de nulle part l'envahit. Ce sourire et le regard aiguë-marine du jeune homme balaient ses dernières résistances. Son intuition, très fine habituellement ne lui raconte rien. Pas de voix off, aucun signe d'alerte. Seules ses émotions entrent en conflit. Ce bouleversement innommable n'était absolument pas prévu au programme. Mathilda est déstabilisée. Ce garçon l'émeut et l'attire instantanément, plus qu'il n'est raisonnable.
Tout le long de la pièce, Mathilda se bat pour éloigner le trouble envahissant que lui procure la présence de Maxime à ses côtés. Impossible de se concentrer sur le spectacle. Ils conviennent de se revoir le lendemain soir pour boire un thé, dans un endroit qu'elle aime beaucoup. Un café-brocante. Dans ce lieu, tout est à vendre. De la tasse dans laquelle on boit, jusqu'au fauteuil dans lequel on est confortablement installé. Le décor est pittoresque et varié, tous les styles mélangés.
Elle choisit un canapé rouge foncé aux armatures dorées. Une lampe art déco diffuse une lumière douce, et particulièrement enchanteresse. Elle a l'impression d'entrer dans un roman au beau milieu de l'histoire. Pour autant, elle ne se rappelle pas le début. Mais instinctivement elle n'est pas perdue. Elle le connaît, le reconnaît déjà dans ses gestes, dans l'attitude, dans sa façon étrange de la regarder. Elle se noie en toute confiance dans son regard couleur d'eau. Elle fond dans son sourire. La discussion est fluide, l'ambiance chaleureuse. L'attirance plane délicieusement tout autour d'eux, sans geste évocateur. Peut être une similitude dans la posture, ils se penchent et se rapprochent en même temps, par moment.
Il est tard, le café va fermer. Il la raccompagne à sa voiture, garée à deux rues de là. En ce début Mars, le froid est encore piquant. Elle frissonne. Naturellement, il la prend par les épaules, et accorde son pas au sien.
Ils se quittent le regard troublé. Leurs mains se serrent, leurs bouches tremblent, ils ne s'embrassent pas.

à suivre...

jeudi 10 décembre 2009

Et si c'était vrai ? Les retrouvailles improbables (1)

L'histoire commence le 24 Août 0079, juste après J.C, tout là bas à Pompéi. Alors qu'ils vaquaient paisiblement, les uns aux champs, certains autres au village, la terre se mit à gronder. Le ciel, à se couvrir. Une fine poussière grise envahit l'atmosphère.
Elle s'infiltra partout dans leurs yeux, leurs bouches et les cris s'élevèrent. La panique, la terreur. Le jeune garçon se précipita dans les bras de sa mère. Elle le couvrit de son châle et chercha désespérément un endroit pour s'abriter. L'affolement prit possession de tout le village. Les hommes, les femmes, les enfants, les vieillards, les bêtes couraient partout. L'horreur qui les saisissait, les foudroyait du même coup !
Lisa se terra avec son fils sous une arche. Elle tenta de le rassurer de sa voix rauque. Ils suffoquaient. Dans un ultime cri, Lisa rappela tous les siens. Les personnages de sa vie.
Pas très loin de là, la même panique, le même appel arraché, son mari, sa mère, son frère, sa sœur, son premier chagrin d'amour et les autres. Tous à l'unisson, ils vécurent leurs derniers instants, se rejoignant dans leurs cris ensevelis.

Mille neuf cents vingts six ans plus tard Mathilda tapote sur son clavier. Elle vient de rompre avec son amant, après plusieurs années de passion destructrice. Une collègue de travail lui conseille de s'inscrire sur un site de rencontre pour tenter de tourner la page. Dubitative, elle joue le jeu. C'est avec une grande pudeur et surtout un grand désarroi qu'elle découvre le fameux catalogue. Elle assiste à la marchandisation de la rencontre amoureuse. Qui lui apparaît comme une banale prestation de consommation courante à durée limitée. Le délai de péremption étant fixé à quelques semaines. Ne parlons pas de la débilité des échanges criblés de fautes d'orthographe et ponctués de lol et oki. C'est rédhibitoire.
Un soir, lasse de ce temps perdu à la recherche de... De quoi ? Un homme sans visage déboule sur sa page. Il a l'écriture enchanteresse, de la dentelle. Sous le charme, elle se laisse entraîner le temps d'une soirée. Un bel échange traverse son écran, jusqu'à la toucher émotionnellement. Mince alors ! Comment est ce possible de s'émouvoir à ce point derrière un écran ? Plus tard, elle regarde son profil. Huit ans de moins qu'elle, il veut des enfants, son annonce est un peu nébuleuse.. Bref, ça ne le fait pas. Elle zappe. Le monsieur revient régulièrement. Lui envoie des mails. Il veut lui parler au téléphone. Voilà autr' chose. Elle cède, prenant soin de masquer son numéro. Elle n'aime pas sa voix. Une voix jeune et légère, sans corps. Pour autant, la discussion est fluide et c'est plusieurs heures plus tard qu'elle raccroche. Il veut la rencontrer, elle refuse. Il insiste. Elle résiste. Il revient quelques temps plus tard, insiste à nouveau. Son écriture, toujours aussi belle. Après tout, pourquoi pas ? Juste rencontrer le personnage. Il est cultivé, tient une galerie d'art contemporain (elle a vérifié par prudence).
A deux reprises, elle annule au dernier moment, les rendez vous avec lui. Elle est en résistance sans aucune raison. Une sorte d'angoisse mal définie, une impression bizarre.

à suivre...

samedi 28 novembre 2009

ça, c'est fait !

J'étais confortablement installée dans ma petite vie d'avant. Rêveuse à souhait, j'oscillais entre travail, amis, famille et l'amant. Puis en sourdine veillait mon désir d'être infirmière. J'ai commencé à passer le concours à 25 ans. Puis à 26 et à 28. Je le réussissais, mais toujours sur liste d'attente. Attendre. Parfois dubitative, parfois ardemment. J'ai fait des bébés, j'ai fait semblant de me marier. J'ai rapidement divorcé. J'ai laissé grandir mes enfants. Plus très certaine d'avoir le courage. J'ai reçu des coups de pied au Q. Cause toujours, je rêve.
Mais enfin quoi ! Qu'est ce que tu attends ! Ben oui, je n'y crois plus vraiment. J'ai peur. Je vis. Je suis bien dans ma vie.
Bordel de m. ! Mais nous on y croit ! Qu'est ce que tu fais plantée là ! Je plante du rêve. Je le regarde pousser sans racine.
Et puis un jour, j'ai 40 ans. Mes plantations sont jolies, très décoratives. Je vais bien, tout va bien. J'ai aussi planter l'amant. Comme un vide, mais disponible. Je commence à écrire sur "un traceur de tout". Des cahiers éparpillés. Des histoires, des rêves.
En quatrième vitesse, j'envoie ma 6ème inscription au concours. Dernier jour, un acte presque manqué. Les mains dans les poches, j'y vais.
Mince, je suis reçue !
Tourbillon ! Fini le rêve, la vie paisible et désordonnée comme j'aime. Tout le monde sera bousculé autour de moi. Oui, je deviens un brin tendue (le mot est petit). En 1ère année, je rencontre un amoureux entre deux partiels. Tant bien que mal il est toujours là. Je souris. Il ne sait même pas que je suis, (que j'étais) une femme douce, calme et paisible.
Mais peut être que cette paix n'était que fuite, un vernis de surface ? Qui suis je aujourd'hui ? Je me sens transformée. Qu'ai je fais ? Relever un défi. Un défi personnel, mais aussi un défi partagé. Oui, je le partage avec mes enfants, ma Maman et ma soeur et bien sûr mes amis. J'ai l'impression d'avoir consolidé quelque chose de vital. Je me sens si heureuse aujourd'hui. Je les sens si fiers de moi ! "tain vé", j'en pleure ... Oupss, émotion ...
Je suis infirmière. Riche de mon expérience de 20 ans. Je ne suis pas hésitante une seule minute. Je ressens une sorte d'exaltation, une énergie stimulante. Comme si j'allais pouvoir exercer à ma juste valeur tout ce pour quoi je suis faite. C'est bête, j'ai toujours donné le meilleur de moi même, et je me suis toujours sentie reconnue pour cela. Mais là, ce n'est pas pareil. Là, c'est comme si j'en avais le droit, la légitimité.
J'ai envie de faire de grandes choses, j'ai la gnaque !

Je voudrais remercier plusieurs personnes qui me sont chères. Marie lou et Lucas, mes enfants qui m'ont soutenue presque gravement, investis et soucieux. C'est ma jolie Marie lou, qui la veille de mon D.E. m'a fait réviser mes démarches de soins avec un intérêt remarquable.
La palme revient à Krish, mon grand frère de coeur, qui s'est frappé pendant 3 ans toutes mes révisions de partiels. J'ai décidé de lui photocopier mon diplôme avec son nom à côté du mien.
Mais il y a aussi Emilie ma petite copine de classe, assises côte à côte pendant 3 ans, complices et solidaires pour tout.
Bien sûr mon Arf ! Alors lui, il n'a jamais craqué devant ma tension palpable au quotidien, m'a soutenue et encouragée toujours, il était là hier pour m'ouvrir ses bras sous le panneau d'affichage où je riais, pleurais tout mélangé.
Mais encore, mes amis, Laule (ma tendre amie), Isa (mon infirmière préférée), Nounie (ma chérie de toujours), Annick (mon amie retrouvée) Sylvie et Gil (mes espiègles et tornades amis), Rémi (mon copain de rue) et Michèle (l'instigatrice des coups de pied au Q) et d'autres... Mes amis virtuels presque tout aussi présents que ceux de la vraie vie...
Et enfin, Ma maman et ma soeurette Valérie. Toutes les deux, les piliers de ma vie. Des inséparables toutes les trois, liées par un amour inconditionnel, un amour de vie. Du vrai, de la richesse de coeur et d'esprit, un partage des savoirs, et des compétences, un trio soudé envers et contre tout. Je leur dois ma réussite et d'être celle que je suis...
Bon, qui d'autre ? Mon Hôpital quand même, qui m'a payée tout ce temps pour rester mon Q assis sur les bancs d'école... Certains des enseignants investis et encourageants... Et bien sûr, le nombre incalculable de professionnels de santé avec qui j'ai appris toute la technique et la théorie avec beaucoup de plaisir....
Bon, si j'ai oublié quelqu'un, vous le dîtes... J'ai la tête en fête.

lundi 23 novembre 2009

Qu'est ce qui pourrait bien me déranger aujourd'hui ?

Je suis paisiblement installée dans mon fauteuil en simili osier. Je réfléchis à ma prochaine pensée profonde. Dans mon idée, ce serait une pensée profonde sur le temps que met le temps à s'écouler. Ou plutôt, sur le temps qui tend à prendre le temps. Avec une interrogation accessoire, quel temps fait il ? Je trépigne immobile. Le temps met trop de temps. Je suis impatiente.