dimanche 31 mai 2009

Jour sans

Aujourd'hui est comme une mauvaise plaisanterie. Comme si l'on avait brusquement tiré le tapis sous mes pieds. Tout va de travers. Tout est à l'envers. Mon humeur fait des ronds qui plongent au fond. Mon chat fait le gros dos, les poils tout hérissés, il attaque le chien et vient chercher un câlin. Je devrais travailler, ça urge, et je tape sur les touches.. Du vide.. Que du vide.. Du rien... Mon cœur est soudainement en miettes. A quoi ça tient ? J'ai envie de fumer, je me retiens, et c'est ce que je fais de mieux aujourd'hui. Mais ça ne tient pas à ça. C'est ailleurs, c'est autre chose... La sourde angoisse, me tenaille, me serre. Je ne la nommerai pas. Je la connais par cœur.
Il y a des allumettes au fond de tes yeux, des pianos à queue dans la boite aux lettres, des pots de yaourts dans la vinaigrette et des oubliettes au fond de la cour.. (J.Higelin)

lundi 25 mai 2009

Voilà quinze ans !


Aujourd'hui Mon Lucas a quinze ans !!
Joyeux Anniv'







mercredi 20 mai 2009

Je vais bien, ne t'en fais pas

J'oscille entre la Petite et la Grande aujourd'hui, Mais je vais bien, ne t'en fais pas... J'arrête de fumer... Hier ?
Oui, ça avait bien commencé. Je me suis collée deux patchs de 7 milligrammes, pour faire quatorze... Quelle horreur, J'avais l'impression de m'empoisonner sur chaque épaule...
Jusqu'à 15h, je n'ai presque pas eu envie de fumer, ça marche !! A 16h l'envie est revenue !!
Je touche mes épaules pour faire encrage... Mince, les patchs ne sont plus là !! Restés dans ma tenue d'hôpital dans les manches, à la fin de ma garde du matin, je suppose ... C'est pas d'bol !!
J'ai rallumé une clope, et je me suis maudite...
Ce matin, ça ne va pas, même si je vais bien, ne t'en fais pas... Je tourne en rond, j'ai boudé mon café, il appelait une clope... J'ai bu un jus d'orange, cliqué nerveusement sur les blogs, que j'ai lu tout aussi nerveusement en diagonale, même pas commenté... Ouai, je fais ma Petite, capricieuse et triste... Satanée Grande qui rationalise !!
C'est pas gagné !! Mais le rêve que j'ai fait, il y a deux jours me terrorise... J'ai rêvé que je toussais, était ce un rêve ? Et en toussant, j'ai eu l'impression d'avoir arraché un bouquet d'alvéoles pulmonaires. Il gisait là sur ma langue et craquait sous mes dents.. Ce rêve m'a traumatisée, depuis je psychote.. Je ne sais plus que faire !! Je fume, je m'angoisse, je ne fume pas, je déprime..
Bon, mon inconscient m'a envoyé ce rêve, je dois en tenir compte et m'en servir, même si tout me dit que ce n'est pas le moment opportun.. Quand on est fumeur, c'est jamais le bon moment d'arrêter... Toujours des excuses à demi bidons... Alors pourquoi, ne pas choisir le pire des moments, celui de mes partiels, de mon TFE, de mes mises en situations pro, et autres réjouissances... Après tout, tout ça m'occupe, ai je vraiment le temps de fumer...
Argh !! ça tourne au drame ce billet !! Aujourd'hui, ça va pas !!
Mais je vais bien, ne t'en fais pas....

samedi 16 mai 2009

Ma mère, le temps de comprendre (2)

1970. Ma petite sœur est née. J'ai quatre ans. Ma mère, pour éviter que je sois jalouse me confie une mission de la plus haute importance "protéger ma petite sœur", c'est certainement là, que mon "idéal du moi" se renforça. Quant à elle, l'entretien d' une maison n'a plus de secret . Par contre, elle n'aime pas ça. Elle devient très douée pour esquiver les taches ménagères quotidiennes. Elle n'a pas son pareil pour faire comme si c'était fait. Elle est curieuse. Elle lit beaucoup, toujours en cachette de mon père celui ci lui a interdit de lire, car il a peur qu'elle devienne plus intelligente que lui. La psychologie, le féminisme, tous les courants de pensées modernes la passionnent. L'air de rien, elle lit du matin au soir. Ma sœur et moi, nous sommes libres de tout faire, toujours en cachette de mon père. Nous marchons pieds-nus, nous débordons d'imagination et de créativité. C'est bon pour le développement de l'enfant, elle l'a lu dans un livre. Elle nous laisse démonter le canapé pour en faire des cabanes, tous les jouets de la chambre se retrouvent au salon, une véritable ville nous construisons. Lorsqu'elle entend la camionnette de mon père au coin de la rue, c'est le branle-bas de combat. Elle nous demande de tout ranger, nous aide en vitesse, tout en jetant quatre pâtes dans une casserole et en dressant la table, ni vu, ni connu. Quand il arrive, nous sommes tendues, il lève toujours la voix pour quelque chose, les volets qui ne sont pas fermés, une assiette de dînette malencontreusement oubliée sous son magazine de mots-croisés, nos pieds nus... Nous avons vite compris ma sœur et moi comment nous adapter. Quand il est là, tout marche au carré, dès qu'il s'en va, les souris dansent... Je ne mesure pas encore l'écart qui se crée entre mon père et ma mère, elle est si soumise en sa présence que tout semble presque normal. J'adore ma mère, je crains mon père.

J'ai huit ans, et mon père commence à me tourner autour. C'est déplaisant, son regard sur moi m'indispose. Il me fixe la prunelle brillante. Il cherche à me toucher, tous les prétextes sont bons, pour passer sa main sous mon tee-shirt. Je l'évite, ne reste jamais seule en sa présence. Je ne saisis pas, là encore, ce qui cloche, mais je sais et sens que c'est malsain. La vie continue. Toujours cette insouciance et ce sentiment de bonheur dès que mon père s'en va. Ma mère nous raconte des histoires de famille, nous serre fort contre elle, nous apprend mille choses. Nous rions, nous jouons, nous nous racontons.

J'ai dix ans, ma mère est de plus en plus belle, elle lit toujours en cachette. Des disputes commencent à éclater entre mon père et elle. Elle essaie toujours de nous épargner, reste discrète. Nous entendons quand même. Ma sœur pleure, moi je me tais et la console. Un jour, alors que je suis avec ma mère dans le jardin pour étendre le linge, je lui dis que je n'aime pas mon père. Elle m'interroge. Je lui raconte toutes ces sensations désagréables de dégoût qu'il m'inspire, que je l'évite car il cherche toujours à me toucher, à me coincer. Dans son regard, je lis son désarroi et soudainement une détermination, je me sens rassurée et comprise. Elle me serre très fort dans ses bras.

Quelques jours plus tard, alors qu'elle revient de chez sa sœur, elle est très tendue. Le soir, je les entends se disputer très tard, j'entends mon père pleurer. Je suis étonnée de ce renversement de situation. Je ne saisis pas leur conversation. Le lendemain, mon père est pitoyable et silencieux. Ma mère les yeux rougis dégage une force incroyable. Je reste dubitative. Mes émotions sont contradictoires, je suis un peu triste pour mon père, mais je suis comme soulagée. J'admire la soudaine métamorphose de ma mère face à mon père.
Ma mère me prend à part, et me dit doucement qu'elle va divorcer. "Divorce" ce mot a quelque chose de dramatique, Je suis attristée, tout se mélange dans ma tête. Je me sens un peu coupable. Je ne sais pas si j'ai envie ou pas. Étonnamment ça chemine dans ma tête... Quelques jours plus tard, je demande à ma mère presque impatiente "c'est quand, qu'on s'en va ?". Ma sœur qui était par là, s'inquiète"on va où?" Ma mère la prend dans ses bras et lui explique doucement. Pour ma part je me sens solidaire de ma mère et écoute attentive. Ma sœur s'effondre, elle est inconsolable. Ma mère et moi sommes désolées. Je n'aurai de cesse d'expliquer à ma sœur, les avantages de la situation, elle m'écoute, semble comprendre, se réjouit puis s'effondre à nouveau.

Nous avons vécu dans une caravane dans le jardin de mon arrière grand-mère pendant une année, le temps que ma mère trouve les moyens d'avoir un logement. Ma mère fit les marchés pour gagner sa vie tout en reprenant ses études. Le bonheur fut dans le pré....

Ma mère jugeât bon de me raconter toute l'histoire quelques années plus tard. En effet, jusqu'à 18 ans je faisais un rêve récurrent à chaque retour de chez mon père. Dans mon cauchemar, j'étais attaquée ou menacée par un rat qui me griffait les jambes en grimpant le long de celles ci... Un matin, que je lui racontais à nouveau ce rêve, elle me raconta toute l'histoire. Mon père, certainement pour éviter de passer à l'acte sur moi, agressa sexuellement à plusieurs reprises la plus jeune sœur de ma mère, celle qui était née quelques mois avant moi, nous étions voisines et presque sœurs... C'est ce fameux jour, où ma mère était partie confier ses inquiétudes à mon sujet, à sa sœur, que celle ci lui apprit le drame qui s'était passé deux ans auparavant. L'affaire avait été étouffée, comme il n'était pas rare en ce temps là et s'était réglée entre le médecin de famille, mon père et mon oncle, en huis clos. Mon père avait été menacé gravement et s'en était a priori tenu là. Mes cauchemars ont cessé.

A suivre... Ma mère, de la chrysalide au papillon... (3)

dimanche 10 mai 2009

Les derniers déboires de Colombine

En quittant Mr A. en ce début d'année, j'ai eu envie de garder la belle maison où nous étions. Le loyer étant trop cher pour mes seuls revenus, j'ai décidé de faire de la coloc. La maison s'y prête, ( f5 de 220 m2, avec jardin de 3000 m2 et une des chambres faisant 50 m2 à elle toute seule avec sdb et wc). Enthousiaste malgré mon chagrin d'amour, j'organise tout, je décore et prépare la jolie chambre pour accueillir un futur coloc. Je passe des annonces sur le net.
Un premier Mr se présente, il accepte les conditions, il doit rester trois mois, le temps de retrouver un appart, mutation oblige. Le mois de Mars se passe sans encombre, l'entente est agréable dans un respect commun. Le 14 avril, quand je me lève à 7h, sa chambre est ouverte et vide. Il est parti sans payer! Mes appels et mes textos resteront sans réponse. J'aurai pu appeler sa boite et l'emmerder, ce n'est pas mon genre. Bref, je suis choquée, bien plus par la manière dont il est parti sans dire au revoir, comme un voleur, que sur le fait qu'il n'ait pas payé, même si il savait qu'il nous laissait dans la merde, les enfants et moi, pour finir le mois.
Je râle trois jours, je tempête et lâche l'affaire, il est urgent que je retrouve quelqu'un. Il me tombe du ciel, deux jours après. Un autre Mr, du même âge que moi. Nous nous rencontrons deux ou trois fois. Il vient avec sa fille de huit ans, pour me la présenter, mignonne tout plein, il l' aura tous les 15 jours pour le we. J'assure mes arrières en demandant un mois de caution, et en avant l'aventure. Les premiers jours, je me pince, il est presque parfait. Généreux, intéressant, participe à tout. Les enfants sont contents, se sentent bien... Et moi aussi.


La deuxième semaine prend une tout autre tournure. Le Mr prenant ses marques, commence à investir plus qu'il ne faut la maison, changeant un peu l'organisation, le rythme et le mode de vie de ses habitants. Il semble vouloir tout maîtriser. J'essaie de lui glisser finement mes propres règles, mes propres habitudes ainsi que celles de mes enfants. Il m'écoute attentif, acquiesçant. Bon, je reste dubitative, et observe. L'ambiance se plombe de jour en jour. Sous couvert d'un humour plus que limite, il nous glisse insidieusement tout ce qui le dérange, c'est à dire, presque tout. Son ton et son humour de façade ne nous échappent pas. Il se mêle de tout, y compris des discussions que je peux avoir avec mes enfants au sujet d'une mauvaise note ou sur leurs petits tracas quotidiens. Il porte un regard critique sur tout. En quelques jours nous sommes tous les trois sur le qui vive. Je note que mes enfants ont perdu leur spontanéité. Ils se tiennent au garde à vous avec une contrainte qui se lit sur leur visage. Particulièrement ma fille qui d'habitude est bout en train, prompt à rire, là elle est silencieuse et quand elle parle, on la sent se crisper attendant la sentence humoristique qui ne manque pas de tomber. Mon fils quant à lui, d'habitude rêveur et nonchalant esquive, se faufile tel un chat. Il a vite fait d'éviter les situations embarrassantes, mais n'échappe quand même pas aux réflexions, genre : "ah ! Je suppose qu'on a mis du plomb dans tes chaussures pour que tu traînes si lourdement les pieds!" Il ne sera pas épargné sur ses cheveux longs qui lui mangent le visage, sur la quantité des céréales qu'il met dans son bol ou encore son pantalon qui lui tombe à la moitié du caleçon.. Il semble mieux encaisser que sa soeur, il la conseille d'ailleurs : "Non, ne bois pas ce jus d'ananas , c'est celui d'O." "Enlève tes pieds du canapé, il arrive"etc.. Pour ma part, j'observe dubitative, soufflée de l'impertinence, du manque certain de respect de nos individualités. Je reste un jour ou deux sans voix. Je me dis qu'il va entendre , sentir, comprendre que là, il dépasse les bornes, qu'il nous dérange grave. J'ai même honte de le confronter tellement je suis choquée qu'il ne sache pas avoir la juste distance et attitude qu'implique tacitement le fait que nous soyons colocataires. Je n'échappe pas à son humour, je commence à rétorquer un peu lourdement, accentuant sur nos différences. Il a même osé me reprendre à plusieurs reprises sur ma façon désorganisée de débarrasser la table ou encore celui de mettre le gruyère râpé dans la contre porte du frigo alors qu'il y a une boite à fromage. Je me suis retenue à plusieurs reprises de lui casser un saladier sur la tête, ou de lui faire avaler la boite à oeufs, coquilles comprises.


Les enfants me prennent à part et commencent à me dire qu'ils ne le trouvent pas très sympa, même si il en a l'air. C'est vrai que par ailleurs il se comporte toujours comme un homme parfait. Ce décalage est extrêmement dérangeant, neuf jours qu'il est là, et déjà il instille le chaud comme le froid avec ses réflexions de plus en plus nombreuses toujours sous couvert de ce putain d'humour qui commence à nous sortir par les trous du nez et nous met sur la défensive en permanence. Je décide de lui parler franchement pour tenter de trouver un compromis et surtout qu'il arrête de nous juger toutes les 4 minutes, avec son humour déguisé. Je veux l'entendre nous dire ce qui ne va pas, qu'il se positionne et après ça on négocie, ou pas...

Intérieurement, tout va vite. Plus ça va, plus j'observe et décortique sa personnalité. Tout vient se caler dans mes p'tites cases. Hum, obsessionnel, dictateur qui n'en a pas l'air, passablement tyrannique avec son humour, intransigeant, ne semblant pas se remettre en question, doucereux et protecteur par ailleurs, des associations de comportements qui me hérissent le poil, ça va pas le faire !! C'est en ayant déjà intuitivement décidé qu'il ne resterait pas que je l'ai confronté avec tout de même beaucoup de diplomatie. D'entrée de jeu, il se démerde pour me renvoyer les questions avec beaucoup de talent. Il n'a pas bien compris le garçon à qui il a à faire, quand je mets cartes sur table, c'est franc, sensible, je m'implique, c'est direct, sans détours, j'évite de "tuer" avec le "tu es", sans manigance ni manipulation possibles. Phrases courtes et simples qui attendent des réponses claires. Il nie, l'air faussement surpris. Bref, il a très mal supporté la confrontation. Il ne s'est à aucun moment remis en question. Il a choisi de dire que c'est nous qui ne sommes pas adaptés et que lui est parfait. (ça on le savait !) Je n'ai pas relevé pour ne pas monter dans les tours, ça ne sert à rien. Nous décidons, puisqu'il n'y a pas de compromis possible qu'il parte à la fin du mois. Je lui laisse même le loisir de le dire lui même, soulagée qu'il le fasse. Il monte dans sa chambre vexé.

Je ne ferme pas l'œil de la nuit. Levée à l'aube avant hier matin, j'attends la suite anxieuse, prompt à réagir de façon intransigeante au moindre signe négatif. Il descend, dit bonjour de loin, et sort acheter du pain sans un mot. Il revient, se sert un café et remonte dans sa chambre. Tout est calme. Puis je l'entends téléphoner, sa voix porte, manifestement il ne sait pas que je l'entends. J'ai du supporter pendant une heure de l'entendre déverser tout son fiel avec une mauvaise foi remarquable. N'y tenant plus, sous les propos calomnieux, je demande à Lucas mon fils de quinze ans de se tenir prêt à intervenir au cas où, (le voisin, le téléphone etc). Je n'ai pas peur, en cet instant je suis une louve aux yeux et à la détermination d'acier. Il est hors de question que ce type reste une heure de plus ici. Je monte, je frappe à la porte, j'ouvre sans attendre. Je le fusille du regard, je le prends sur le fait. Je lui dis promptement de faire ses valises et de partir immédiatement, que j'en ai assez entendu pour avoir la confirmation de ses mauvais sentiments envers nous. Je rajoute que je vais lui rendre son argent pour qu'il n'ait surtout pas l'occasion d'en placer une. De toutes façons il se sent tellement mal d'avoir été pris en flagrant délit dans sa conversation , qu'il dit ok d'un air con. Je redescends, j'appelle Mr A pour qu'il vienne. Il est là dix minutes après, nous buvons un café sur la terrasse, l'air faussement tranquille. Nous l'observons faire ses allées venues avec ses sacs. Quand il a fini, il s'avance car il veut récupérer son fric, je lui demande d'attendre deux minutes que je vérifie la chambre. Après un état des lieux rapide, je lui tends son argent, lui souhaite une bonne continuation et referme la porte derrière lui. Piouffffffff.

dimanche 3 mai 2009

Ma mère, le temps de l'innocence (1)

Ma mère passait tous les jours devant sa fenêtre, en allant chercher du pain. Elle avait quatorze ans. Mon père en avait vingt. Il l’attendait l’air de rien, son harmonica à la main. Les regards allaient bon train.
Puis un jour, un mot, il glissa dans sa main…
De mots en mots, de fil en aiguille, sa petite réserve de mots bien cachée au fond du placard fut découverte par ma grand-mère, qui les montra à mon grand père, qui bien évidemment s’insurgea et condamna la jolie historiette. Les amoureux se virent en cachette et les p’tis mots continuèrent.
Ma grand-mère loin d’être bête, souleva le matelas, tira la commode, tria les affaires, les livres, les cahiers, et bien évidemment tomba à nouveau dessus. je pense qu’une de mes tantes était passée par là..
Bref, ma mère du haut de ses quinze ans et demi, dut répondre à un interrogatoire des plus fastidieux.
En même temps, c’était pas compliqué, la question était : « Est-ce que tu l’aimes ? ». Elle, elle ne savait pas vraiment, c’était plaisant c’est tout, elle ne connaissait rien d’autre. Pressentant qu’il valait mieux répondre oui, sinon mes grands parents allaient à nouveau interdire, elle répondit « oui, je l’aime ».
C’est comme ça, qu’ils furent fiancés six mois plus tard. Ils se marièrent après deux ans de fiançailles on ne peut plus sages, les petites sœurs de ma mère dans les jupes à chaque sortie en amoureux. Ils n’étaient pas bien malins, surtout mon père qui avait sept ans de plus…
Bref, ils se marièrent vierges en avril 65. Leurs débuts furent très maladroits, ma mère ne savait ni cuire un œuf, ni faire une lessive. Elle suivit des cours de « maîtresse de maison » par correspondance. J’ai retrouvé une série de livres en plusieurs tomes sur « la parfaite maîtresse de maison ». Sa belle mère lui apprit avec gentillesse les travaux pratiques. Le 14 juillet 65 ils ont décidé qu’ à la sieste ils feraient un bébé. Inquiète, elle garda les jambes en l’air pendant 2 heures contre le mur, pour que la petite graine prenne. Quelle aventure ! Je suis née, neuf mois plus tard, pile poil, oscillant entre le 6 et le 7 avril. Là encore, sa belle mère vint à la rescousse. Ma mère n’avait pas encore 19 ans. Sa propre mère avait 36 ans et venait elle aussi d’avoir son cinquième enfant et a toujours été trop occupée pour entourer ma mère, trop occupée toute sa vie pour s’intéresser à quiconque, seul son mari était important à ses yeux. Trop jeune pour être une grand-mère. Quant à ma mère, trop jeune et immature pour décider quoi que ce soit. Elle se rattrapa quelques années plus tard...

A suivre...