lundi 10 mai 2010

Au fond d'une tasse de thé au citron

Ni une ni deux, j'ai remis mon pull à l'envers. Avec mes airs d'hurluberlue, je me sers un thé au citron. Alors que je chipote entre une tartine au miel et une biscotte au beurre salé, il me vient une idée. Une pensée amusée, mutine à souhait.
Pas plus, je l'atténue naturellement. Je la sens pointer son nez, je la laisse me taquiner, puis je lui dis de s'en aller. Elle ne m'écoute pas vraiment, puis un peu bête, elle se met en veille. Je ne perds pas vraiment le sens des réalités, je me les approprie tout simplement. C'est en prenant les chemins de traverse, avec une certaine fraîcheur et une pointe de plaisir, que je m'accorde le droit de fantasmer, avec légèreté. Je puise l'émotion dans ce parfum citronné.
Je m'ensensuelle de broutilles, un rien m'émoustille. Je fais teinter la cuillère dans la tasse, alors que tout le monde sait que je ne le sucre jamais. En douce, petite pensée mutine revient. Je me contente de l'effleurer. L'impression de côtoyer son jardin secret de l'autre côté du mur, et de la regarder par dessus le mur. Je ne tenterai pas de l'escalader. Je n'irai pas non plus sonner à sa porte. D'abord je ne la vois pas, sans doute parce qu'il n'y en pas. J'ai soudainement l'impression d'un accord tacite entre cette petite pensée et moi. Mais rien que de l'écrire, j'en mesure la fragilité, l'évanescence...
Le thé au citron refroidit. Le téléphone sonne. Je réponds "Allo, ici Colombine..."

Petit exercice d'écriture proposé par le blog à mille mains.
Invitée par Arf, Fut-il ou versa-t-il dans la facilité.. ou bien aérien..