lundi 23 mars 2009

Petites infidélités à mon psy

J'étais allongée sur le divan. Non, plutôt une bergère art déco. Un tissus doux ,façon zèbre la capitonnait. Pourquoi pas ? Je ne parlais pas. Je l'avais appelé plus tôt dans la journée. Je voulais annuler le rendez vous, je n'avais pas envie d'y aller. J'étais là allongée, et je ne parlais pas. Je me suis recroquevillée, un coussin calé là. Pourtant j'avais essayé de le persuader qu'aujourd'hui je ne voulais vraiment pas. Il a réussi à me convaincre en disant " vous venez et vous ne parlez pas ". Là j'ai été d'accord.
J'étais allongée et je ne parlais pas. Cela faisait au moins douze minutes. Et douze minutes dans ce contexte c'est très oppressant. J'étais oppressée. Mais quoi ? J'étais en résistance. A la treizième minutes, je suffoquais presque. Les sanglots étaient là au bord de la voix. Ils étaient bien là, et ils venaient de loin. Ils ne m'avaient pas avertie, n'ont même pas pris la peine de m'envoyer un bristol. J'ai plombé la boite en acajou contenant les kleenex.
D'un ton plus détaché, le cortex anesthésié, j'ai lâché, venant de nulle part : " Je suis un vrai coeur d'artichaut, mais un vrai ! J'ai vraiment aimé chacune des feuilles de mon artichaut. " Et à toutes les personnes que ça pourrait faire sourire et qui ne me prendraient pas au sérieux, et bien je leur dirais " je vous aime et je vous emmerde ". Coeur d'artichaut est l'insulte suprême et redoutée. C'est nier mon intégrité. Je ne sais pas qui, et je ne veux pas le savoir, a inventé cette p'tain d'expression mais j'ai envie de lui dire que c'est un sale con, sec et calciné.
Alors Monsieur, là, bien calé dans votre fauteuil club élimé, vous allez en avoir des histoires de coeur, à ne plus savoir qu'en faire, à ne plus en retenir la chronologie, à vous perdre dans vos notes griffonnées. Mais comme je sais, Monsieur, que vous êtes un sage, je sais que vous garderez le secret. Je peux " m'aime " rajouter que " je vous aime " mais ça c'est dans ma tête, mais... Vous le comprendrez.

9 commentaires:

  1. En écrivant cette petite histoire j'ai vraiment fait le lapsus "m'aime" au lieu de "même", alors je l'ai mis entre guillemets et je l'ai laissé...

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  2. :) Bonjour :) merci de votre passage chez moi, je découvre une jolie plume fraîche et légère... c'est vrai, vivement le printemps, et je me permets d'adhérer comme vous au principe du coeur d'artichaut ;) Très jolie petite dernière phrase, délicieux lapsus... :)

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  3. Ces psy sont de drôles de zèbres !
    M'aime que...

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  4. M'aime que l'amour est une farce qui nous fait croire alors que nous n'embrassons que du vide,le vide est froid. Bises

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  5. Maud--> solidarité féminine.. l'artichaut à priori de ce que j'en sais, se transforme en jolie fleur mauve.. :)
    merci pour le compliment.

    ≈≈≈ --> Mr O était un être d'exception, de la famille des zèbres rares...

    Toutaubord--> Il va falloir développer MR... :) m'aime qu'on y croit...

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  6. "M'aime" que je l'pense ce que je dis mais c'est sur le moment, demain sera un autre jour et la digestion sera faite et à nouveau je voudrai bien y croire. Biz

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  7. vous avez, sans le savoir évidement, déposé le 100 ème commentaire sur mon blog. je vous ai donc de facto rajoutée à mes liens, histoire de fêter ce télescopage...

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  8. L'homme au bois dormant--> Pour une fois que je gagne à un truc !!! :)merci... :)

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  9. Ici, tout comme c'était là-bas, les mots sont beaux et émouvants.
    Et moi qui ne sais pas écrire, je ne trouve rien d'intelligent à dire.

    Je passerai donc par ici et, même si je ne dis rien, je n'en penserai pas moins.

    Bisous... beaucoup :)

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