samedi 25 avril 2009

Je parle en Silence

Depuis une semaine je passe des heures sur mon TFE (travail de fin d'études). Je dois le rendre le 10 juillet. Oui, fin octobre je passe mon D.E ! Help ! Etant du genre à faire tout dans l'urgence, je ne manque pas à mes habitudes. Alors là, c'est trouille bleue, l' effervescence dans l'écriture. J'oscille entre l'envie d'écrire un roman sur mon sujet "la part du silence dans la relation soignant/soigné"chez un patient en soins palliatifs, et ce p..... de tefeu. Je bataille avec mes ressentis et la fameuse théorie que je dois exploiter.. Je n'aime pas théoriser, ça fige.
Une des questions que je me pose, c’est en quoi le silence partagé, au cours d’un soin peut il être aussi salvateur qu’une discussion?
En quoi ce silence, orienté par une intention d’apporter du réconfort, peut il engendrer chez le patient en fin de vie un cheminement dans ses pensées, un apaisement, une reconnaissance?
A quoi donc tient le délicat équilibre entre la parole et le silence bâti sur un accompagnement branché sur l’empathie et une attention de tous les instants?
Et quels sont les pièges à éviter?
Qu’est-ce que l’on fait lorsqu’on écoute ?
Est-il possible d’écouter l’autre sans s’écouter soi ?
Est-il possible de s’écouter soi sans écouter l’autre ?
Quelle est la place de l’autre en nous et la place de soi dans l’autre ?
Écouter, c’est devenir témoin de la parole qui se déploie. Celle-ci a besoin d’une certaine qualité de silence pour oser se dire. Je voudrais examiner la qualité des silences : de l’absence au mutisme, de la présence à la méditation, du désir en attente au silence habité… et la conséquence de cette qualité sur la parole, du bavardage jusqu’à la confidence. L’écoute est alors une réponse à la parole qui est elle-même une réponse au silence. Offrir un silence préparé est donc source de parole et chemin de l’écoute. Ce qui se dit guérit. l’esprit parle à l’esprit, le coeur parle au cœur, le silence parle au silence. L’écoute devient donc une forme d’être qui nous entraîne en pays inconnu.
Voilà, n'étant pas trop présente sur vos espaces car je bosse grave, je voulais vous faire part un peu de mes questionnements.
Si des réponses vous viennent spontanément, n'hésitez pas à écrire ce qui vous passe par la tête... Je rajouterai les plus jolies, ou celles qui m'interpellent à mon tfe, ça le rendra plus vivant et l'illustrera..
Bien, à vous.
Colombine

samedi 18 avril 2009

Le Q entre deux chaises, ou chers (chairs) (2)

Et comment se retrouver le Q entre deux chairs ! Colombine est toute chamboulée. Partagée entre volupté et douceur chez sa douce, et crissements de pneu chez son Arlequin Mr A. le crissement de pneu ici, est jouissif. Alors, Colombine oscille, tangue, se perd, se renverse, se pavane aussi. Elle mesure le renversement de situation. Une sorte de pouvoir évident et facile tout d'un coup s'est emparé d'elle comme ça à son insu, sans qu'elle lève le petit doigt. D'habitude sa force est en filigrane, à peine perceptible, dissimulée dans sa fragilité toute relative. C'est pas drôle la vie ? A quelques mois de là, elle traînait sa solitude d'étudiante maman, au creux de l'hiver, et là, c'est le festival. Elle joue sur scène à la perfection, profitant légèrement de la situation inopinée d'être courtisée de toutes parts. Arlequin, Colombine et sa Douce, les derniers personnages en vogue de la Commedia dell'arte. C'est bien beau tout ça, mais c'est sans compter l'envers du décor. Sur scène , elle brille, mais une fois de retour dans sa loge, une sournoise culpabilité vient la tarauder. Son surmoi rivalise avec son moi dubitatif, quant au ça, il s'en balance et fout la zizanie. Heureusement que règne sa voix off, la cheftaine du lot, oui elle est nombreuse, pour réguler un peu tout ça. Et celle ci est fine, souvent juste, voire un peu garce quand elle lui chuchote "ne te méprends pas Colombine, sous couvert d'Amour, leurs jalousies respectives se bataillent et tout cet Amour soudain, que tu ressens est peut être galvaudé" bouh.
"Et puis, pendant que tu es dans les bras de ton amant, ta belle retient ses larmes, et Arlequin frôle l'abysse quand il te sait entre les douces mains de la dame. Alors Colombine, arrête de jouer les princesses, tu n'es qu'une Colombine".
Elle n'eut pas le temps de tergiverser longtemps. Mr A. n'y tenant plus, fit sa révérence sans applaudissement. La belle, le maquillage défait, se retira aussi dans sa loge, vaincue d'avance. Et le lourd rideau retomba sur la scène. Colombine légèrement hébétée, mais pourtant apaisée, écouta les chuchotements du souffleur sur le devant de la scène. Alors elle s'excusa au près de sa belle, la serra et la garda contre elle, un peu de loin, toute une saison, le temps que s'effacent les bleus de sa douce. Et dans la foulée, alla rejoindre Arlequin comme on croit aux contes de fées.

Il y a une suite à cette histoire, mais elle ne sera pas dans le libellé "to bi or not to bi" et puis elle n'est pas pour demain.
A ce jour ma belle est à nouveau mon amie particulière, et Arlequin, mon ami particulier. Tout deux, ont une étrange similitude. Si ma belle était un Il, elle serait Lui, si Arlequin était une Elle, il serait Elle. Dans la vie, ils se surnomment S'iam. Et moi, je souris.

mercredi 15 avril 2009

Amitié au féminin particulière (1)

Octobre 2007. Je suis devant mon écran, une envie d'écrire un p'ti truc sur Elle, mon amie singulière.
Eté 2001. La rencontre. Je vivais une liaison torride avec un homme marié, cela va s'en dire, dont j'étais éperdument amoureuse. Le genre d'histoires qui vous consume et vous laisse vide sur le carreau. Un soir de dérive, je suis invitée chez un couple d'amies dont je venais de faire la connaissance. J'arrive un peu tard. Le barbecue crépite. je distingue une jeune femme élancée dans un style androgyne. Je suis surprise par la beauté de son visage, de son sourire. Son allure est légèrement masculine, sa démarche féline, sa gestuelle pour autant féminine. Tout au long de la soirée, je l'observe à la dérobée. Je suis sous le charme. Un doux désir se propage délicieusement en moi. Je suis séduite.
Je n'aurais de cesse, les jours suivants, de revenir chez mes amies, avec l' espoir de la croiser à nouveau. Dans les semaines qui suivirent, l'occasion se présenta à nous. Echanges de regards, complicité naissante, dans la chaleur de cet été "contrarié", propice à quelques fantaisies, histoire de colorer nos tristesses respectives. Nous nous sommes retrouvées enlacées sous les draps, sans trop savoir, de façon incongrue. Deux nuits d'intimité d'une extrême sensualité. Deux nuits qui se terminèrent sans lendemain, dans le non-dit, ou presque.
Une tension tacite, s'installe entre nous pendant quelques mois. J'étais incapable de trouver un compromis. Cette fille me perturbait. Je l'attirais indéniablement, Elle m'attirait assurément. Pour autant, aucune histoire même éphémère ne pouvait se construire, incompatibilité du moment. Je restais donc avec un goût d'inachevé, une frustration amère, un silence plein d'émotions contradictoires. Mon amant, cette fille, tous deux inaccessibles. Et moi là, dans une instabilité nuisible. L'amant me renversa les cinq années suivantes, me réduisit à l'état liquide, jusqu'à l'évaporation totale de la flaque.
Par contre avec elle, peu à peu, nous nous sommes apprivoisées. Nous nous sommes rapprochées. Je pris soin de poser des limites strictes à l'attraction physique, car elle n'en avait guère. Elle était devenue pour moi quelqu'un de précieux. Il était hors de question de mélanger cette amitié naissante à la moindre défaillance ou attirance sexuelle.
Octobre 2007. Le contrat tient toujours. Pas une ombre n'est apparue depuis. Notre tendresse est palpable, notre affection profonde, presque inconditionnelle, dans le plus grand respect. Une belle écoute. Nous pouvons nous absenter pendant des mois, nos retrouvailles sont toujours émouvantes.
Une amitié au féminin toute particulière, où l'attirance à la rencontre, a trouvé un tout autre chemin pour cimenter le lien...
Hum, c'était sans compter avec Novembre 2007. L'amant a été renvoyé dans ses quartiers depuis déjà une année, six ans en tout, c'est beaucoup trop pour ce genre d'histoire, son couple n'a pas tenu d'ailleurs. Enlevez "l'essence" à une voiture, elle cale. J'étais "l'essence", hum, un peu réducteur, disons une essence de parfum, c'est plus chic.
Donc, Novembre 2007. Cela fait trois mois que nous avons rompu avec Mr A. Oui, ne vous y trompez pas, Mr A. est mon nouvel amoureux, une jolie rencontre, six mois plus tôt. Mr A. est un homme charmant. Mais Mr A. est ambivalent. Mr A. me contrarie. Là et pas là en même temps. Mr A. me fascine par certains côtés. Mr A. m'échappe tout le temps. Mes épaules ne sont pas assez solides pour tout supporter, alors on se quitte. Bouh !
Un soir de Novembre, tout au plus ennuyeux, froid et pluvieux, j'erre sur ses pages. Oui, Mr A. a un blog. Je rumine, je m'agace. Je suis jalouse aussi d'une hypothétique fille qui lui dit des mots doux... Pff. Mr A. crée parfois un pont dans ses écrits. Il me fait un clin d'oeil, plié en dix, sans pour autant m'inviter à traverser le pont. Que Mr A. aille au diable !
Mon amie m'appelle. J'arrive! Me dit elle. Ravie, de cette visite improvisée, en ce soir de Novembre on ne peut plus maussade, je file me refaire un visage dans la salle de bain, disons que celui ci, mon visage était légèrement comme en travaux.
Elle entre, pleine d'entrain, me serre fort, me fait tournoyer et m'embrasse sur les deux joues avec enthousiasme. Elle n'a pas plus à m'annoncer, c'est juste comme ça qu'on se dit bonjour à chaque fois.
Nous refaisons le monde quelques heures et très tard, nous nous allongeons l'une contre l'autre, bien au chaud sous la couette, coutumières du fait, depuis quelques années déjà.
Allez savoir pourquoi, cette nuit là, mon Surmoi, d'habitude relativement efficace, ne se manifesta point. Il laissa les mains de mon amie dessiner doucement des arabesques sur ma peau. Dessiner, enrouler, s'approcher... Re dessiner, re s'enrouler, re s'approcher... Décrire cette nuit là, réduirait la dite nuit. N'ayant pas vraiment de poésie à mon arc, je m'abstiendrais. Cette nuit là fut poétique. Les suivantes aussi d'ailleurs.
Nous évitions de mettre des mots sur notre relation évoluée. J'avais une impression incestueuse. Je me laissais glisser dans un érotisme infini, comme des portes qui s'ouvrent vers l'univers d' Alice au pays des merveilles, heu, sans les champignons, les portes, et autres jeux effroyables du conte.. Juste la douce sensation de m'être endormie sous un arbre et de rêver et vivre de sensualité. Quelque chose m'intimait que j'allais me réveiller, que tout ceci ne pouvait pas continuer. Et toujours cette impression légèrement incestueuse.
Un beau matin de janvier 2008, fulgure au point, il arriva, grimpé sur son destrier fougueux. Mr A. le retour. Les sabots claquèrent sur les pavés du pont sous le triple galop de sa monture. Quelques jours avant, pour Noël, nous nous étions serrés, bien plus qu'il ne fallait, d'une étrange intensité, dans cet instant d'intimité soudainement retrouvé(e).


A suivre..

dimanche 12 avril 2009

A cette histoire de cousins, je ne comprenais rien.

1973. Le début d'une histoire bien singulière. Je tartine mes triscottes, avec du nutella. Il est là, tout à côté de moi. Je suis transie d'Amour. Sa pile de tartines est énorme, au moins huit! Son bol de chocolat déborde presque. Ma mère trafique derrière notre dos. Et moi, je dois avoir l'air gourde avec mon air béat. Je le bade. J'ai au moins sept ans et lui dix. Mon jeune coeur d'artichaut ne sait pas ce qui lui arrive. Un nouveau "cousin" dans la famille. Je ne sais pas si j'ai su tout de suite qu'il n'avait plus sa maman, en tout cas, il est arrivé un jour, de là bas, de Normandie, pour habiter chez mes cousins du village voisin. Et, qu'il était leur vrai cousin! A cette histoire de cousins je ne comprenais rien. Il venait deux fois par semaine chez moi, pour aller au judo, et à la guitare, un arrangement entre ma mère et ma tante qui m'arrangeait bien. Mon premier Amour, là, à ma table. Pour "goûter " aux premiers petits frissons dans l'ventre. C'était désespérant. Il se foutait complètement de moi, et oui, trois ans de plus. A l'école, toutes les filles lui tournaient autour. Un charme fou, ce gosse. Je râlais comme un pou! A huit ans, idem la même. A neuf ans, bouh... Et lui de plus en plus beau, plein de filles toujours autour. J'en rêvais la nuit, heu... A dix ans, forcément toujours trois ans d'écart. A onze et bien je ne vois pas pourquoi ça aurait changé.. Le collège, le voir dans la cour, ce grand 3ème, était une délicieuse souffrance. Il m'appelait sa "p'tite cousine", toujours adorable avec moi, mais pas comme je voulais moi. A douze ans, je n'en pouvais plus. J'avais tout qui avait poussé bien comme il faut, là où il faut et tout fonctionnait parfaitement. Et oui, j'avais du désir. Il avait une cicatrice sous l'oeil gauche, un éclat de l'accident, où il a perdu sa maman sous ses yeux, ça le rendait encore plus intrigant, plus attirant. J'étais jalouse de toutes. Il ne me regardait toujours pas. Puis du jour au lendemain, il est parti, chez un autre oncle. Je n'ai pas tout compris là non plus, et je ne l'ai plus revu.

A vingt sept ans, toujours trois ans d'écart forcément. Une invitation de mariage de notre cousin commun. Mon sang ne fait qu'un tour et sans détour, je croise les doigts en suppliant qu'il y soit.

1993. Il avait l’art et la manière. Il aurait pu séduire une coccinelle comme rendre fébrile n'importe quel objet inanimé. J’avais décidé que la rencontre ou plutôt les retrouvailles n'allaient pas en rester là. Je savais qu’il saurait intuitivement, et l’avantage était que ce serait sans lendemain.
Nous ne nous étions pas vus depuis des années, je connaissais quelques trucs de sa vie, comme le fait que c'était un coureur de jupons invétéré, tu parles, ça ne m'étonnait guère, sans avoir le moindre espoir que nos routes se croisent un jour. Quand cette chance s’est présentée, il m’a semblé que la fin et le début se rencontraient.
Je me suis préparée comme jamais, émue, fébrile, prête à pleurer d’émotion. Il est apparu, plus grand que dans mon souvenir, bien plus beau, bien plus homme. Les années l’avaient mûri.
j'étais à mon avantage, grimpée sur un cheval camarguais, l'habit de lumière, le chapeau andalou, de l'arrogance dans l'attitude, la prunelle brillante sur la peau bronzée, du bluff, mais ça, il n'en savait rien.
Plus tard, au cours de l'apéro, il s'est évidemment approché de moi. Hé Hé, j'avais vingt sept ans, loin de la gamine gauche et tout juste pubère de l'époque. Au fond, il n’était pas dupe.
Il s’en est fallu de peu que nous tombâmes chacun dans cet excès de bla bla superflu, mais nous étions au-delà; le temps nous était compté, il savait que je l’avais aimé et qu’il en restait assez pour l’émouvoir. Je le ressentais. Et c'est ainsi, que... Sans même en parler ouvertement, chacune de nos paroles, chacun de nos gestes nous conduisait , nous portait l'un vers l'autre.
Entre nous, comme le ferait un vieux couple, nos habitudes, nos mots, notre connaissance de nous “avant”, et cette tacite re connaissance, éliminaient toute gêne, abolissaient l'espace et les années. Nous avons dansé et un peu bu... nous nous sommes serrés bien plus qu'il était convenable à cette fameuse soirée. L'interdit planait au dessus de nos têtes et stimulait la décharge de phéromones..
Le lendemain du mariage, la fiesta se poursuivait comme il est coutume dans la famille, paella géante, et chants improvisés à la guitare. Bien évidemment pour l'impressionner et le séduire un peu plus, je suis arrivée en moto, habillée en garçonne effrontée.
La suite... Coup de téléphone quatre jours plus tard. Comment s'est il procuré mon numéro ? Mystère.. Je savais que je me préparai pour un joli chagrin d'amour.. c'est bien de le savoir à l'avance pour anticiper la chute.. Il n’était plus possible de faire marche arrière et tête baissée j'ai traversé des jours fous . Les amoureux illicites étaient partout, par monts et par vaux, attablés aux terrasses des bistrots de tous les villages reculés, enlacés dans les champs, sous les grands arbres, seuls témoins de leurs ébats, de leur liaison "dangereuse".. le chagrin d'amour ne la quittait pas, elle s'attendait à tous moments qu'il disparaisse et retourne sagement dans ses quartiers, là bas à Marseille. Mais pour l'heure, ils roulaient sur la route sinueuse des gorges du gardon. Elle se serrait derrière lui. Ils faisaient des zig zag doucement sur la route, des zig zag dans leur tête aussi.

Ce fameux 24 août 1993, ils descendirent un chemin escarpé et s'allongèrent au bord de la rivière, se dévêtirent au soleil brûlant. Allez savoir pourquoi ce jour là, ils furent totalement inconscients, insouciants. Pourquoi ce jour là était le quatorzième jour de son cycle , l'ovulation. Pourquoi ce jour là ne s'est il pas retiré..? La seule fois où il a déposé sa semence en elle, celle ci a germé et s'est accrochée à la paroi quelques jours plus tard.
Le 25 mai 1994, Lucas naissait. Pas de père, une chouette Maman émerveillée , qui lui a raconté la jolie histoire insouciante tout au long de sa croissance, ajoutant peu à peu les mots qui éclairent le pourquoi du comment.
Parfois je croise l'odeur de son parfum au passage d’un homme, et je ne peux m’empêcher de me retourner, comme pour jeter un clin d’oeil au passé. Mais un coup de vent suffit pour que je l’oublie.

samedi 11 avril 2009

A la lecture de...

Ce matin, encore ensommeillée, j'ai lu le billet de Dohram (dont j'adore le style),"nos vies à deux balles" et je fus confrontée, bien évidemment. Il m'a semblé qu'il voulait parler de lui, un désir tout en retenue, j'ai donc attendu. J'ai cru comprendre qu'il hésitait, par crainte de se répandre, par crainte d'attirer je ne sais qu'elle compassion qui le dérangerait, ou même s'écarter d'un style qui lui vaut sa popularité. Peut être craindre la plume acérée de quelques lecteurs à la trash' attitude qui sans façon descendent à souhait, dont l'emprise est parfois réductrice. Je me trompe peut être, ce fut mon ressenti à une première lecture, une réaction spontanée. Bonjour, il pleut. Il fait même encore suffisamment frais, pour allumer un p'ti feu. Et pourquoi pas lire ou écrire des petites histoires pour nos enfants et nos petits enfants en suivant. Dans ma famille, c'est une tradition de se raconter. Alors bien sûr, comment ne pas être confrontée à la lecture de ce billet, moi qui me répand à qui mieux mieux. Je me souviens de mes vacances chez ma grand-mère. Elle me fascinait avec ses histoires en dentelles. Je me souviens des cahiers de ma mère, où de sa belle écriture elle écrivait ses rêves. Je me souviens aussi des soirées près du feu, où sans fin elle nous racontait l'éphémère. Je perpétue la tradition. Je fais lire certains billets à mes enfants. Je viens de comprendre que j'écris aussi pour eux. Ils aiment me lire, sont émus à chaque fois, ça leur parle... Le blog permet d'héberger mon histoire.. Et elle devient du coup, un héritage.
Après, que ce côté Extime ennuie ou ravit quelques uns, ça les regarde, il cliquent ou pas. Ils lisent ou pas. Ils commentent, ils critiquent ou pas.

Quant à la valeur de notre vie à deux balles, pour ma part elle a pris du sens quand je me suis entendue raconter mes petites histoires, là bas, allongée sur le divan de Mr O ... Des p'tites histoires qui n'avaient sur le moment aucun intérêt, (il me semblait), et qui, d'un coup faisaient couler les larmes, les noeuds restés coincés dans la gorge là, à t'étouffer encore trente ou quarante ans après. Des p'tites histoires qui faisaient naître des sourires aussi...

A cette histoire de blog, le pourquoi on écrit, ceci ou cela, le choix des textes, la crainte et le plaisir du regard des autres, l'auto censure ou la démesure, ça regarde chacun de nous. En général, une toile se tisse par affinité ou sensibilité ou intérêts communs, voire même un attachement qui se produit au delà de l'écriture et des dires... Parfois aussi on se heurte à des toiles fascinantes mais qui restent impénétrables, tant on se sent en décalé, voir même avec un p'ti sentiment d'infériorité, pourquoi insister.. Zappons, cliquons ailleurs, où il fait bon s'y retrouver...

J'adore lire les instants de vie des gens, même les plus futiles, je me penche tout aussi bien sur le style de la plume, sur l'image, que sur le frisson, ou l'émotion que cela me procure. Je suis carrément déçue lorsque j'accroche sur un commentaire ou une belle répartie d'un inconnu, et qu'en cliquant sur son lien, je tombe sur un blog qui ne parle que des derniers potins géopolitiques ou sur des textes trop alambiqués qui me plongent dans une confusion sans fin... Ou j'ai beau lire, un, deux, trois, dix billets, ils me laissent de marbre, des billets où l'on ne sent personne derrière, des billets sans âme... Des billets qui cachent peut être de belles personnes, mais on ne le saura jamais...

Voilà, il pleut toujours, je repars donc me balader sur la toile.

lundi 6 avril 2009

Ouai ! ça fait beaucoup d'un coup, quand même !

Tiens, c'est le sept avril ! J’suis pas si mal, là, au centre de ma vie, ça fait quelques minutes que c'est mon anniv'... Quarante trois ans... Ouai, ça fait beaucoup d'un coup d'un seul! Je ne me suis pas rendue compte des trois dernières années qui viennent de passer. En fait, j'ai repris mes études hier, j'avais quarante ans et là aujourd'hui, 'fin là au milieu d'la nuit, d'un coup, il y a trois ans de plus.. Je ne comprends rien à cette histoire de temps. Ma foi, je suis bien dans ma culotte et même sans. Sans aucun regret, je suis bien avec le bordel sur la table basse, là. L'araignée dans le coin du plafond me regarde, tranquille, elle ne risque vraiment rien, ce n'est pas pour demain. Le vent vient de souffler sur mes quarante deux paires de chaussettes dépareillées. Que quelqu'un m'explique par quel hasard, je les achète par deux, et en deux temps, trois mouvements, il ne m'en reste qu'une seule, que dis-je, quarante deux seules...
Mes seins tombent un peu, mais ils sont en vrai, c'est rare des seins en vrai de nos jours , oui, quand je m'allonge, ils s'allongent aussi, du côté où je me tourne..
Peut être, un peu moins bien avec mes amours insolents, un brin de guingois, qui jouent un jour de la clarinette, le lendemain, un air de hautbois. Mais du coup, je joue à l'équilibriste, ça m'allonge la ligne.
Je suis bien avec mes mots nombrilistes, mon égo à quarante trois sous, ma pudeur exhibitionniste. ah! Oui! Je suis voyeuse aussi !
J'ai souvent mis de l'ordre dans le désordre de ma vie, allongée sur un divan, je m'agace parfois !
Mes amis de toujours sont toujours là, ceux d'aujourd'hui, j' les serre dans mes bras.
J’suis bien avec la lumière et l’obscurité, mais je joue avec le gris, contrainte et forcée. Le lave-vaisselle tourne. Je jetterai bien le linge sale dans la poubelle à recycler. Mon fer à repasser ? Il ne me sert en général, qu'à me faire cuire un oeuf. Qu'on se le dise, je ne suis pas bonne à remarier, mais plutôt à Rock'n Jazzer !
Ma plus belle réussite, mes deux enfants. Avec eux, je me sens louve, je me sens belle, je me sens grande, je me sens géante. Je deviens gratte-ciel!

Et mon pull ? A l’envers !

dimanche 5 avril 2009

Suite de l'extrait d'Elle c dit (4)

Extrait d'Elle c dit (1)
Extrait d'Elle c dit (2)
Extrait d'Elle c dit (3)
Une nouvelle année commence. Elle voit s'amenuiser, se flétrir son idylle. Elle mesure le chemin parcouru. Elle a conscience de s'accommoder de la moindre médiocrité. Elle oscille entre fuir cette réalité et s'en nourrir au compte gouttes. Elle ne renonce pas, progressivement privée de tous regards critiques sur la situation. Elle se dédouble. Elle l'aime, est totalement sous emprise. Les chauds-froids auront atteint les failles de son cerveau.
Drôle de maladie, sans forme, sans fièvre. Une maladie de rien. Une maladie qui est dans les chairs, dans le sang, une maladie du coeur. Silencieuse et insidieuse. Avec une aisance née, elle se glisse dans les circonvolutions des méandres de son cerveau. Se fraye un passage dans l'inconscient et vient toucher l'âme. Cachée dans les plis, dans la suspension du temps entre deux rêveries, dans la respiration entre deux rires, ou entre deux sanglots. Elle est proliférative. Au début c'est un voile de soie posé sur les yeux et tout au fond du crâne. C'est pour cela qu'il faut du temps pour se rendre compte qu'on en est atteint.
C'est une maladie sans nom. Sans vrai nom. Elle est difficile à décrire, et les symptômes sont propres à chacun. On en dit le long cheminement d'une douleur sans douleur, et le glissement progressif vers les ténèbres. L'effondrement insolent qui vrille chaque instant. Maladie de l'inaccessible, puisque rien n'est désormais intelligible, puisque tout est définitivement inabordable directement. Puisqu'il faut sans cesse inventer des chemins différents, pour relier en soi ce qui est disjoint, ce qui est décollé. Puisque tout est un champ d'épreuves, puisque toute la joie, tous les plaisirs se dérobent comme une eau qui s'infiltre dans les fissures de chaque geste. Elle suinte, elle goutte.
Elle commence à lui écrire des lettres, dépourvues de sentiments, mais extrêmement profondes, justes, et brûlantes. Elle n'arrive toujours pas à lui parler, mais sait lui écrire. Ses lettres deviendront une drogue pour lui.
Ils vont se rapprocher peu à peu. Lorsqu'ils sont ensemble, plus rien n'existe autour. Ils se retrouvent dix minutes, un quart d'heure tout au plus, après le travail. Sur le chemin du retour, il y a une petite route qui se perd dans la garrigue, quelques maisons bien cachées, dont on aperçoit les lumières quand la nuit tombe, seront les seuls témoins de leurs ébats. Les bords de la route sont envahis de haies très denses, recouvertes de ronces, avec des mûres au mois d'août. Leur coin s'appellera "les mûres". Elle est malade de lui. Elle va se soumettre pendant de longs mois à son bon vouloir, ne demandant jamais rien. Quelques fois, il la suivra, et d'autres il continuera son chemin. A chaque fin de garde, elle guettera dans son rétroviseur, si il met son clignotant pour tourner derrière elle sur le chemin des mûres. Jamais il ne l'avertira, refusant d'installer une liaison. Secrètement meurtrie, elle s'armera d'une patience inouïe.

A suivre...

vendredi 3 avril 2009

Entre foot et dentelles

Nous avions entre quinze et dix sept ans. Alain vient me voir et me dit :
"- Faut qu'je te dise un truc, Carl a parié son dernier maillot de foot pour que l'un de nous sorte avec toi !" Alain a toujours été le plus gentil de la bande, secrètement amoureux de moi, aussi.
"- Ah ! Et c'est toi qui t'y colles ? Quel crétin ce Carl ! Même pas le courage de venir lui même !" Je faisais la belle, mais j'étais cramoisie. Moi je l'aimais bien Carl, un musicien, auteur compositeur footeux, c'était rare au village. Dans ma bande, ils jouaient tous au foot, fumaient leurs premières cigarettes, et s'achetaient le dernier survêt' Adidas... La 103 SP rutilante, le casque au coude, vroom... Carl, lui faisait tout ça, mais en plus il était musicien et écrivait des textes sur sa musique.. C'était autre chose..
Mise à part ça, la plupart du temps, nous traînions sur les terrains de sport. J'aimais bien ma bande de gars. En bon garçon manqué qui se respecte, j'étais fière d'être la seule fille acceptée dans le groupe. Pour autant, mes cheveux étaient longs et bouclés, je pense que j'étais jolie, mais n'en étais pas sûre, différente des autres filles qui minaudaient... Le jogging Kappa rouge, le débardeur blanc, les Stan Smith de rigueur, la 103 Sp of course, je courais beaucoup, et m'entraînais sous les paniers de basket. Le reste du temps, on allait chez Carl, dans son garage aménagé en studio de musique. Nous l'écoutions jouer " ça se sent que c'est toi", en passant par "Angie" ou "comme un avion sans ailes" de Charlélie en chantant à tue-tête... J'ai toujours craqué pour les musiciens, ils ont un truc en plus. Il m'a appris mes premiers accords de guitare, mes premiers faux accords amoureux, aussi.
Bon, avec Carl c'était foutu, je rongeais mes derniers ongles et comme si de rien était, lui claquais trois bises la fois d'après. Il fut surpris, peut être un brin déçu, je ne l'ai jamais su... J'ai chialé dans mon coin, sans le dire.
Septembre arrive, je vais au lycée. Cinquante minutes de car tous les matins et tous les soirs sont propices aux rencontres. Pour la première fois, je me fais une amie. Sa douceur me ravit. Je laisse tomber ma bande de gars et passe tout l'hiver avec elle. Entre elle et moi, des chuchotements, des rires, des confidences, des bisous sur la bouche, des petits mots légers. Ensemble, nous imaginons le bonheur. Je vis au travers de ses récits, elle est amoureuse du jeune frère de son beau père, heu, dix ans de plus qu'elle, un détournement de... Elle le voit peu, mais pour autant, à toutes les deux, on le fait vivre ce "grand amour". Extrapolation, fabulation, à qui mieux mieux... J'ai aimé cette période, surtout les matins d'été. "Je dors tout contre elle, nos cheveux épars, la respiration lente. Nos épaules se touchent, vêtues de fines bretelles, chemises de nuit anciennes, en coton blanc, initiales enguirlandées ton sur ton. Ses cheveux blonds s'échappent de l'oreiller brodé et viennent s'emmêler avec mes boucles brunes indisciplinées. Une odeur de cire se dégage du lit ancien, une odeur de fleurs de pêcher, dans les draps froissés. Un léger bruit dehors. Un rayon capricieux entre au travers des persiennes. J'ouvre les yeux. La chaleur endormie de mon amie, là tout près m'émeut. Je regarde le grain de peau, lisse et satiné sur la rondeur de l'épaule. je perçois la respiration qui soulève délicatement la chemise à la naissance des seins, tout juste voilés du tissus léger. Une émotion se noue dans mon ventre, un émois, une envie soudaine d'effleurer... J'approche ma main, ne la touche point... Deux amandes bleues aux cils soyeux s'entrouvrent, sur un sourire délicieux. Je repose ma main sur son épaule."
Un trouble, d'une origine inconnue, je garderais... Reviendra m'émouvoir...

jeudi 2 avril 2009

L'absence

L'absence est mon lot, une façon de vivre l'intermittence. J'en connais tous les états. J'ai le corps en creux, je rencontre le manque, celui que rien ne peut véritablement combler, sauf l'intensité vivante de sa présence, parfois, en coup de vent. Sa présence, parlons en, bien trop souvent rêvée, idéalisée, projection de la mienne, ma propre façon d'être à l'autre. Mais lui n'est pas moi. Étrangement j'ai toujours eu du mal à m'en faire une raison. Il était là, tout près de moi, inaccessible, je ne l'atteignais pas. Le tiroir aux émotions, restait fermé. Le pire , était sa présence absente, tout à côté de moi, sans y être, replié sur ses secrets. Quand pour éviter de me blesser, il détournait mes questions tout en feignant la distraction. Il était plus loin que moi quand il me refusait sa vérité, que lorsque je recevais de plein fouet, l'aveu de sa lassitude sur une histoire qui lui pesait.

Pour cet homme d'oublieuse mémoire, qui vit le présent comme si il était déjà engagé dans le futur, le passé meurt vite, à moins d'être figé dans une image glacée. Je suis une sensation révolue. Je suis l'absence.

Je l'observe s'éloigner prudemment, avec précaution et gentillesse. Je perçois parfois son impatience. Je ressens aussi son attirance. Ambivalence dans l'absence. En aucun cas, je ne veux réitérer l'histoire. Un peu bancals et de guingois, nous poursuivons nos routes, encore surplace. Nous anticipons sur une amitié possible, tout en ayant encore des sentiments que nous banalisons pour plus de crédibilité. Mais comment claquer la porte, quand nous nous portons encore beaucoup d'intérêt ?