Octobre 2007. Je suis devant mon écran, une envie d'écrire un p'ti truc sur Elle, mon amie singulière.
Eté 2001. La rencontre. Je vivais une liaison torride avec un homme marié, cela va s'en dire, dont j'étais éperdument amoureuse. Le genre d'histoires qui vous consume et vous laisse vide sur le carreau. Un soir de dérive, je suis invitée chez un couple d'amies dont je venais de faire la connaissance. J'arrive un peu tard. Le barbecue crépite. je distingue une jeune femme élancée dans un style androgyne. Je suis surprise par la beauté de son visage, de son sourire. Son allure est légèrement masculine, sa démarche féline, sa gestuelle pour autant féminine. Tout au long de la soirée, je l'observe à la dérobée. Je suis sous le charme. Un doux désir se propage délicieusement en moi. Je suis séduite.
Je n'aurais de cesse, les jours suivants, de revenir chez mes amies, avec l' espoir de la croiser à nouveau. Dans les semaines qui suivirent, l'occasion se présenta à nous. Echanges de regards, complicité naissante, dans la chaleur de cet été "contrarié", propice à quelques fantaisies, histoire de colorer nos tristesses respectives. Nous nous sommes retrouvées enlacées sous les draps, sans trop savoir, de façon incongrue. Deux nuits d'intimité d'une extrême sensualité. Deux nuits qui se terminèrent sans lendemain, dans le non-dit, ou presque.
Une tension tacite, s'installe entre nous pendant quelques mois. J'étais incapable de trouver un compromis. Cette fille me perturbait. Je l'attirais indéniablement, Elle m'attirait assurément. Pour autant, aucune histoire même éphémère ne pouvait se construire, incompatibilité du moment. Je restais donc avec un goût d'inachevé, une frustration amère, un silence plein d'émotions contradictoires. Mon amant, cette fille, tous deux inaccessibles. Et moi là, dans une instabilité nuisible. L'amant me renversa les cinq années suivantes, me réduisit à l'état liquide, jusqu'à l'évaporation totale de la flaque.
Par contre avec elle, peu à peu, nous nous sommes apprivoisées. Nous nous sommes rapprochées. Je pris soin de poser des limites strictes à l'attraction physique, car elle n'en avait guère. Elle était devenue pour moi quelqu'un de précieux. Il était hors de question de mélanger cette amitié naissante à la moindre défaillance ou attirance sexuelle.
Octobre 2007. Le contrat tient toujours. Pas une ombre n'est apparue depuis. Notre tendresse est palpable, notre affection profonde, presque inconditionnelle, dans le plus grand respect. Une belle écoute. Nous pouvons nous absenter pendant des mois, nos retrouvailles sont toujours émouvantes.
Une amitié au féminin toute particulière, où l'attirance à la rencontre, a trouvé un tout autre chemin pour cimenter le lien...
Hum, c'était sans compter avec Novembre 2007. L'amant a été renvoyé dans ses quartiers depuis déjà une année, six ans en tout, c'est beaucoup trop pour ce genre d'histoire, son couple n'a pas tenu d'ailleurs. Enlevez "l'essence" à une voiture, elle cale. J'étais "l'essence", hum, un peu réducteur, disons une essence de parfum, c'est plus chic.
Donc, Novembre 2007. Cela fait trois mois que nous avons rompu avec Mr A. Oui, ne vous y trompez pas, Mr A. est mon nouvel amoureux, une jolie rencontre, six mois plus tôt. Mr A. est un homme charmant. Mais Mr A. est ambivalent. Mr A. me contrarie. Là et pas là en même temps. Mr A. me fascine par certains côtés. Mr A. m'échappe tout le temps. Mes épaules ne sont pas assez solides pour tout supporter, alors on se quitte. Bouh !
Un soir de Novembre, tout au plus ennuyeux, froid et pluvieux, j'erre sur ses pages. Oui, Mr A. a un blog. Je rumine, je m'agace. Je suis jalouse aussi d'une hypothétique fille qui lui dit des mots doux... Pff. Mr A. crée parfois un pont dans ses écrits. Il me fait un clin d'oeil, plié en dix, sans pour autant m'inviter à traverser le pont. Que Mr A. aille au diable !
Mon amie m'appelle. J'arrive! Me dit elle. Ravie, de cette visite improvisée, en ce soir de Novembre on ne peut plus maussade, je file me refaire un visage dans la salle de bain, disons que celui ci, mon visage était légèrement comme en travaux.
Elle entre, pleine d'entrain, me serre fort, me fait tournoyer et m'embrasse sur les deux joues avec enthousiasme. Elle n'a pas plus à m'annoncer, c'est juste comme ça qu'on se dit bonjour à chaque fois.
Nous refaisons le monde quelques heures et très tard, nous nous allongeons l'une contre l'autre, bien au chaud sous la couette, coutumières du fait, depuis quelques années déjà.
Allez savoir pourquoi, cette nuit là, mon Surmoi, d'habitude relativement efficace, ne se manifesta point. Il laissa les mains de mon amie dessiner doucement des arabesques sur ma peau. Dessiner, enrouler, s'approcher... Re dessiner, re s'enrouler, re s'approcher... Décrire cette nuit là, réduirait la dite nuit. N'ayant pas vraiment de poésie à mon arc, je m'abstiendrais. Cette nuit là fut poétique. Les suivantes aussi d'ailleurs.
Nous évitions de mettre des mots sur notre relation évoluée. J'avais une impression incestueuse. Je me laissais glisser dans un érotisme infini, comme des portes qui s'ouvrent vers l'univers d' Alice au pays des merveilles, heu, sans les champignons, les portes, et autres jeux effroyables du conte.. Juste la douce sensation de m'être endormie sous un arbre et de rêver et vivre de sensualité. Quelque chose m'intimait que j'allais me réveiller, que tout ceci ne pouvait pas continuer. Et toujours cette impression légèrement incestueuse.
Un beau matin de janvier 2008, fulgure au point, il arriva, grimpé sur son destrier fougueux. Mr A. le retour. Les sabots claquèrent sur les pavés du pont sous le triple galop de sa monture. Quelques jours avant, pour Noël, nous nous étions serrés, bien plus qu'il ne fallait, d'une étrange intensité, dans cet instant d'intimité soudainement retrouvé(e).
A suivre..