mercredi 26 août 2009

Le fond de moi l'aime.

Ils sont assis derrière la fenêtre. Une table entre eux. Les regards sont émus, pudiques, contenus. Ils se regardent. Ils nous regardent du dehors, sans trop comprendre, sans trop saisir. Ils auront peur de ce regard. Et puis ils oublient ce regard extérieur. Le premier round est une dispute factice, histoire de... Accoudés à la table, ils se perdent lentement dans les yeux. Parfois comme un bras de fer. Parfois dans la lueur complice. Leurs mains se retiennent. Puis se rapprochent. Puis se retiennent, et tremblent un peu. Toujours accoudés à la table. Indifférents sur le moment à ce qui les entoure. En sens interdit ils se lisent. Ils se prennent la main. Le geste aura dépassé la pensée en retenue.
Il tire vers lui, et dépose un baiser sur sa main. Elle tire vers elle, céder pour mieux prendre. Fondre pour mieux envelopper. Les autres mains restées sur la table font bouger leurs doigts. Ceux ci se rapprochent les uns des autres, comme s'ils marchaient sur la table. Ils se rejoignent, s'enchevêtrent, se tiennent, se retiennent. Les bras s'écartent sur leurs lèvres tremblantes. L'instant, le temps, le temps s'arrête.
Les sens interdits ont volé en éclats. Ils n'entendent plus les voix qui disent non. Ne voient plus, yeux fermés, bouches jointes. Respirations arrêtées, accélérées. Ils sont venus se chercher avec les sens interdits en pleine figure. Main dans la main, corps contre corps. Ils se reconnaissent. Souffle contre souffle, ils se perdent. L'inévitable attraction les encercle. Ils se mélangent en une étroite étreinte presque douloureuse.
Les portes s'ouvrent avec grand fracas. Ils se trouvent, se retrouvent et se découvrent pourtant. Dans cet endroit inconnu, entre deux espaces, entre deux temps, entre un espace temps.
Et bien si ! Malgré les idées raisonnables. Malgré les écorchures de l'âme. Malgré tout un tas de bonnes ou mauvaises raisons. Malgré tout. C'était bon. C'était fort, ça résonnait juste. C'était à contre sens des décisions. Mais cet homme là, je n'en ai pas peur. Nos limites ne sont pas terrifiantes. Et puis cet homme là, je l'aime. Et c'est comme ça depuis presque trois ans. Alors même de guingois, aujourd'hui, je le vis tel que ça m'attrape encore. Et demain, et bien c'est demain.
Je dis ça, je dis rien. C'est désespérant, c'est déroutant, c'est incompréhensible. A chaque fois on tente de s'aimer, on tente aussi de se "désaimer", on tente de "s'amourlibre". On essaie. On a tout essayé, même de s'oublier en faisant les cigales qui chantent tout l'été. Mais on ne s'oublie pas. Il y a un truc enchevêtré là.